Dans Paul Ricard, le fabuleux destin d'un enfant de Marseille, le journaliste et écrivain américain Robert Murphy dresse un portrait vibrant et intimiste d'un atypique entrepreneur, créateur d'un des plus grands groupes de spiritueux mondiaux.
Ambitieux et visionnaire c'est un peu l'image que nous renvoie Paul Ricard (1909-1997) dans ce livre peu volumineux mais truffé d'informations sur la vie privée du chef d'entreprise et sur le développement commercial de son empire.
Publicité pour la campagne sur les « cinq volumes d'eau », 1960
Drames familiaux, seconde guerre mondiale - qui l'oblige à fermer ses usines en 1939 - hostilité politique ou chicaneries administratives, visiblement à la lecture de cet ouvrage les nombreux obstacles ou drames ne semblent jamais avoir sérieusement écorné l'ambition folle de Paul Ricard : celle de rattacher définitivement sa marque et son nom aux couleurs de la Provence, dans l'inconscient collectif, faisant en sorte en sorte que le consommateur fasse automatiquement le lien entre son pastis Ricard et le mode de vie provençal et marseillais. Robert Murphy nous raconte donc de façon détaillée cette insolite aventure commerciale et familiale, entreprise dans les années 30.
Pendant la crise de Suez, « la croisière contre la soif », publicité Ricard, 1956
En 1936, Paul Ricard lance la première campagne publicitaire à Lyon. L'année suivante, les ventes de Ricard explosent. Son pastis marseillais devient le produit phare de l'apéritif, apparaissant même en Espagne, en Italie et en Afrique du Nord. L'on suit donc ce parcours novateur pour l'époque, au niveau marketing et au niveau de la politique de rémunération. Ses employés sont actionnaires et ont droit à trois semaines de vacances au lieu des deux réglementaires. La fameuse guéguerre avec le concurrent Pernod - autre poids lourd de la communication publicitaire pour son emblématique Arthur et avec qui il fusionnera des décennies plus tard - reste un des épisodes commerciaux les plus croustillants de cette époque.
Paul Ricard et Jean Hémard lors de la signature de l'accord de fusion Pernod-Ricard
On apprend également que l'homme raffolait de l'art. Il voulut même être peintre mais son père, marchand de vins, lui en dissuada. Il en resta certainement quelque chose car Paul Ricard dessina lui même son logo et ses premières affiches pour vanter ses produits phares à base d'anis. Méticuleusement, il contribua aussi à la création de tous les objets promotionnels liés à sa marque : carafes, verres, cendriers… sans oublier le fameux bob pour se protéger du soleil, distribué inlassablement au passage de la Caravelle Ricard sur le Tour de France. Ce chef d'entreprise des plus atypiques déclara un jour non sans humour : « Si je n’étais pas devenu Monsieur Pastis, j’aurais été Monsieur Radio, Télévision ou Electronique.»
Robert Murphy, Paul Ricard, le fabuleux destin d'un enfant de Marseille, éditions Albin Michel, 200 pages, 2020
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sabine Porte
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