lundi 24 juillet 2017

L’humiliation, le Moyen-Age et nous



Dans son ouvrage L’humiliation, le Moyen Age et nous, l’historien Michel Zink propose une intéressante découverte des mentalités de l’époque médiévale à travers récits, poèmes et textes religieux.


Partagée entre une violence codifiée fondée sur l’honneur et l’attitude d’humilité - calquée sur une scène d’humiliation fondatrice (la passion du Christ) - exigée par la religion, la société féodale se profile des plus paradoxales. Auteur de nombreux ouvrages consacrés à la littérature du Moyen Age, Michel Zink explore cette société multiforme et contradictoire, qui à la fois exalte la puissance, l’éclat et la dépense mais qui invite en même temps ses ouailles à la pauvreté et à l’humilité. « De l’humilité du Christ à l’humiliation de la croix, c’est le même abaissement qui est offert en modèle au comportement des hommes et proposé à leur imitation », souligne l’auteur, rappelant à la fois la force et la valorisation de l’humiliation, notamment chez saint Paul, inspirant ainsi toute la tradition chrétienne depuis saint Augustin. A travers de nombreux exemples tirés de récits et poèmes, par l’intermédiaire d’anonymes ou de poètes réputés (Villon, Rutebeuf, Deschamps) Zink étudie cette société du Moyen Age, tiraillée entre violence et religiosité, partagée sans cesse entre « humiliation » et « humilité ». Lui-même constate, explorant cet angle original de la période qu’il y a au Moyen Age des traités de l’humilité, pas de traités de l’humiliation mais d’innombrables récits d’humiliation.

Michel Zink, L’humiliation, le Moyen-Age et nous, éditions Albin Michel, 261 pages, 2017

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