lundi 3 octobre 2016

Thomas Bernhard - Une vie sans femmes


Dans Thomas Bernhard - Une vie sans femmes, Pierre de Bonneville propose une nouvelle approche du célèbre écrivain autrichien, questionnant son rapport au monde féminin.


On a beaucoup écrit/disséqué Thomas Bernhard (1931-1989) et son œuvre parsemée de récits, de romans et de pièces de théâtre. Imprégnée d’une modernité sombre avec des thèmes lancinants comme la maladie, la solitude, la mort ou la souffrance, la somme littéraire de cet auteur tourmenté, cabotin et complètement marginal reste encore un mystère aujourd’hui. (Elle peut d’ailleurs se lire comme une transcription à peine déguisée de sa propre vie.) Le rapport amour/haine de Bernhard pour son pays d’origine (l’Autriche) ainsi que l’impitoyable processus de destruction sous-tendant toute son œuvre ont été déjà largement commentés. En revanche, l’on connaît moins la sphère intime. Dans ce vivant essai littéraire intitulé Thomas Bernhard Une vie sans femmes Pierre de Bonneville offre un angle de vue aussi hardi que pertinent sur la relation de l’écrivain aux femmes. Il commente de nombreux extraits de l’œuvre et évoque les personnages clés de l’univers familier de l’écrivain comme la mère haïe, le grand-père vénéré ou la grande amie Hedwig Stawianiczek. Ce judicieux télescopage a le mérite d’être clair - même pour ceux qui n’ont jamais lu Bernhard ! - et la figure de cet écrivain, attiré par les femmes mais répugnant à toute vie de couple, devient plus lisible dans un essai où l’auteur rappelle malicieusement la phrase explicite de Gerda Maleta : « Il a toujours préféré les femmes qui étaient mariées, parce que là, il n’y avait rien à craindre » [p 158] . Marqué par la maladie et une vie difficile, provocateur et mettant la littérature au-dessus de tout, Bernhard échappe paradoxalement aux repères balisés.  Ce nouveau livre de l’auteur d'un Céline et les femmes s’est attaché visiblement à rendre plus cohérent l’image de ce monstre de la littérature moderne comme dans l’extrait suivant : « Sans être misogyne ni vraiment misanthrope, Thomas Bernhard sera toujours contre, s’opposant, s’excluant. La vie sans femme. La vie sans sexe. La vie sans cœur. Thomas Bernhard se voulait cynique, sans aucune sentimentalité (page 165-166) […]

Pierre de Bonneville, Thomas Bernhard - Une vie sans femmes, l’Editeur, 224 pages, 2016

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