Blog de Phaco ?
C'est un blog culturel généraliste qui paraît tous les lundis depuis 2011. Vous y trouverez des chroniques dans les domaines suivants : Livres, Théâtre, Cinéma, Musique, Arts, Architecture, Patrimoine/Tourisme.
Excellente lecture !
(Thierry de Fages)
Oeuvre d’Alex van Warmerdan [Grimm (2003), Borgman (2013)], La peau de Bax est un curieux polar au piment vaudevillesque. Dans cette sombre histoire de chasse à l’homme au milieu de marécages et roseaux, le réalisateur néerlandais nous surprend une fois de plus dans un univers imprégné de suspense baroque et d’humour sec et froid.
Depuis près de 30 ans, Alex van Warmerdan creuse son sillon dans le paysage cinématographique batave, insufflant une délicieuse touche surréaliste à travers des longs-métrages richement pourvus en personnages loufoques et situations abracadabrantes.
La peau de Bax
Peintre, écrivain, acteur et metteur en scène de théâtre, Alex van Warmerdan a un penchant certain pour l’absurde qu’il distille à travers ses films. Abel (1986) relatait l’histoire d’un jeune homme refusant de sortir de chez lui et occupant son temps à saisir au vol des mouches ; La robe (1996) [De jurk], celle délirante d’une robe portant malheur à une succession de propriétaires. Egalement, le sens psychologique, une poésie diffuse - très néerlandaise - et un goût certain pour la dérision sociale caractérisent son style atypique.
La peau de Bax
La peau de Bax, dont il a écrit le scénario, évoque l’histoire d’un tueur à gages (Schneider) et père de famille dévoué, missionné pour abattre un écrivain solitaire (Ramon Bax), vivant dans une maison isolée au milieu des marécages. Par la multiplicité des situations rocambolesques, La peau de Bax fait parfois songer aux comédies noires et déjantées des frères Cohen avec un zeste de Laurel et Hardy, que d’ailleurs Warmerdan cite comme référence. Subtilement, le cinéaste multiplie les quiproquos narratifs à travers la galerie de personnages de l’entourage de Bax : une fille dépressive (Francisca), un père incestueux (Gerard) une petite amie hargneuse (Nadine) et un employeur manipulateur (Mertens).
La peau de Bax
Rythmé par un bon casting et ponctué par une ironie glacée un peu hitchcockienne, le film se profile tonique et drôle. Evoluant entre comédie burlesque et film de genre anxyogène, La peau de Bax a pour décor naturel une villa isolée dans les marécages [le tournage a eu lieu dans une réserve naturelle du nord des Pays-Bas]. Et la beauté plastique du long-métrage doit beaucoup au rendu du raffinement des jeux de lumières entre maison et paysage aquatique. Pas commercial pour un sou et doté d’une virtuosité naturelle, La peau de Bax charme avant tout par une construction narrative imprévisible et son ironie glacée. durée : 1 h 35 La peau de Bax, un film d’Alex van Warmerdam, Pays-Bas - VOSTF 2015
Avec Tom Dewispeleare (Schneider), Alex van Warmerdam (Bax), Maria Kraakman (Francisca), Henri Garcin (Gerard), Annet Malherbe (Gina), Eva Van de Wijdeven (Nadine), Gene Bervoets (Mertens)
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