lundi 14 janvier 2013

Mouche




Quatrième roman de Marie Lebey [Oublier Modiano (2011)], Mouche se profile comme un livre intimiste de l’auteure sur sa sa mère. Récit étonnant, à la fois piquant et drôle, Mouche virevolte au-dessus d'un personnage central - apparemment  fragile et extraverti -, dont le surnom ailé à patte d’insecte diptère fait  d’emblée voyager le lecteur dans une singulière toile d’araignée familiale.
En une langue simple et imagée, Marie Lebey fait le portrait de Mouche, véritable personnage théâtral.
Comme l’observateur amusé des pérégrinations du monde qui tente d’en percer les masques, l’auteure se penche goulûment  sur son plus proche ascendant,  exposant en une acerbe  tendresse les mille et un fils interrogatifs d'une vie  en forme de commedia dell'arte   : le maniérisme provincial de Mouche, son goût fantasque pour la culture et ses enthousiasmes enfantins,  ou encore ses fringales de parlote...

Marie Lebey

 Le ton général du livre - amical, caustique et  familier - nous fait pénétrer en petites touches fines et allusives dans l’univers loufoque de ce personnage remuant et encombrant (pour son entourage !), comme dans ce savoureux extrait :

« Il lui fallait deux jours pour se remettre de ces réunions [littéraires] qui mobilisaient toute son énergie, et la laissaient ensuite vide et mélancolique, comme aspirée par un ascenseur qui descend tout droit à la cave. » (page 25).

 Par la description de ce caractère excessif mais également de la jeunesse de Mouche dans sa  Belgique natale, l'auteure nous fait pénétrer dans l’univers psychologique très particulier de cette mère. Court roman, Mouche, peuplé de morts et imprégné des blessures morales de cette fille narratrice, s’avère curieusement un livre à l'humour pêchu et à la vivacité toute cinématographique.
 Pour Marie Lebey, Mouche est une véritable lettre d’amour à sa mère disparue.


Marie Lebey, Mouche, éditions Léo Scheer, 125 pages, 2013

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