Gérard Manset (1945-)/Alain Bashung (1947-2008)… C’est l’histoire d’une rencontre artistique tardive, concrétisée par la sortie de Bleu pétrole (2008), le dernier opus du poète rocker au phrasé hésitant à la Lou Reed.
Quatre titres écrits par Manset y figuraient, dont le gros succès « Comme un Lego » et le nostalgique « Il voyage en solitaire ». En 2009, lors d’une cérémonie des Victoires de la musique, l’énigmatique chanteur au chapeau noir était honoré pour l’ensemble de son œuvre. Peu après, il mourait emporté par un cancer du poumon. Dans Visage d’un dieu inca, Manset rend hommage à son ami Bashung, qu’il côtoie furtivement dans les années 80. Dans ce petit livre, riche en anecdotes, Manset - comme pour mieux revenir vers Bashung - évoque des rencontres cocasses : une passante le prend pour Higelin ; un marchand de chaussures, pour Arno… Curieusement, tout semble séparer ces deux prestigieux auteurs-compositeurs, précipités tôt dans la cavalerie musicale artistique soixante-huitarde : mode de composition, rythme de travail, style de vie, univers musical… Manset s’en amuse fréquemment dans Visage d’un dieu inca, faisant allusion à la macération lente d’Alain sur la production de Bleu pétrole ou à son mode de vie plutôt rock’n’roll. A la fois portrait allégorique et récit fragmentaire, les contours de ce Visage d’un dieu inca sont plutôt vagues. Ce n’est pas une bio. C’est Bashung vu par Manset, comme tableau, comme sujet ornemental. De vieux numéros de Rock’n’folk, un repas de fruits de mer au Wepler, l’antre mélancolique du chanteur disparu dans le quartier de la Goutte d’or, chaque fait, chaque abstraction ramène l’esprit de Manset vers la silhouette famélique de ce perpétuel résident d’une vague République caméléonne.
Quatre titres écrits par Manset y figuraient, dont le gros succès « Comme un Lego » et le nostalgique « Il voyage en solitaire ». En 2009, lors d’une cérémonie des Victoires de la musique, l’énigmatique chanteur au chapeau noir était honoré pour l’ensemble de son œuvre. Peu après, il mourait emporté par un cancer du poumon. Dans Visage d’un dieu inca, Manset rend hommage à son ami Bashung, qu’il côtoie furtivement dans les années 80. Dans ce petit livre, riche en anecdotes, Manset - comme pour mieux revenir vers Bashung - évoque des rencontres cocasses : une passante le prend pour Higelin ; un marchand de chaussures, pour Arno… Curieusement, tout semble séparer ces deux prestigieux auteurs-compositeurs, précipités tôt dans la cavalerie musicale artistique soixante-huitarde : mode de composition, rythme de travail, style de vie, univers musical… Manset s’en amuse fréquemment dans Visage d’un dieu inca, faisant allusion à la macération lente d’Alain sur la production de Bleu pétrole ou à son mode de vie plutôt rock’n’roll. A la fois portrait allégorique et récit fragmentaire, les contours de ce Visage d’un dieu inca sont plutôt vagues. Ce n’est pas une bio. C’est Bashung vu par Manset, comme tableau, comme sujet ornemental. De vieux numéros de Rock’n’folk, un repas de fruits de mer au Wepler, l’antre mélancolique du chanteur disparu dans le quartier de la Goutte d’or, chaque fait, chaque abstraction ramène l’esprit de Manset vers la silhouette famélique de ce perpétuel résident d’une vague République caméléonne.
Alain Bashung
L’auteur de Visage d’un dieu inca se remémore ce Bashung plus mûr, plus existentiel, celui de Fantaisie militaire (1998), de L’Imprudence (2002) ou de « La nuit, je mens ». Une maturation artistique, qui conduira ces deux voyageurs à cette collaboration de Bleu pétrole. Visage d’un dieu inca, c’est l’hommage posthume de Manset, chantre messianique des royaumes de Siam, à Bashung, le « rocker méditatif ». Le titre Visage d’un dieu inca intrigue avec son vague parfum de druidisme et de sagesse himalayenne. (Le titre originel, écarté pour des raisons juridiques, était ‘Comme un lego’.) Il a ce côté granitique, presque guerrier, qui n’est pas sans rappeler l’univers Manset, toujours un peu rebelle et charismatique. La rencontre artistique Manset/Bashung, peu de temps avant la mort de ce dernier, se profile symboliquement comme la rencontre de deux créateurs éloignés de leurs adolescences et au sommet de leur maturité, dans l’accomplissement d’une démarche artistique, à la fois martiale et flottante, presque sereine. « On est quand même de la même nature, une sorte de fauve égaré dans un monde qui n’est pas le nôtre » (*), confiait récemment Manset, le révolté atypique, évocant un lien artistique avec Bashung.
Gérard Manset
* Entretien avec Pierre-Louis Basse, « Le Livre du soir », Europe 1, 17 mars 2011.
Gérard Manset, Visage d’un dieu inca, éditions Gallimard, collection « L’arpenteur », 120 pages, 2011
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