A l'occasion de l'expo éponyme Lucie Cousturier. Une artiste chez les néo-impressionnistes au Musée de l'Annonciade de Saint-Tropez (Var) les éditions Gourcuff Gradenigo sortent un intéressant catalogue présentant la vie et l’œuvre de Lucie Cousturier (1876-1925), la replaçant dans son époque et mettant en lumière cette peintre néo-impressionniste injustement oubliée.Cette artiste rare a d'autant plus de liens avec le cercle des néo-impressionnistes qu'elle a été la biographe de bon nombre d'eux, outre son travail de critique d'art.
Ce catalogue met donc à l'honneur une figure majeure du néo-impressionnisme, moins connue il est vrai que Georges Seurat, Henri-Edmond Cross ou Paul Signac, avec qui elle entretint une longue correspondance et chez qui elle rencontra à Saint-Tropez son futur époux Edmond Cousturier, critique d'art, peintre amateur et homme de lettres. A l'origine elle s'appelle Lucie Brû. Elle naît dans une famille de fabricants de poupées alors très réputée. Son père est collectionneur : il acquiert notamment, en 1900, auprès de la famille Seurat l'emblématique Un dimanche après-midi à l'Ile de la Grande Jatte.
Lucie Cousturier, Femme faisant du crochet ou Portrait de Mlle B, vers 1908
Huile sur toile
92 x 73,5 cm
Paris, musée d'Orsay, inv RF 1977 121
Lucie Cousturier a exploré de nombreuses thématiques. Dans celle par exemple de la nature morte à fleurs et à fruits elle n'a rien à envier aux plus grands (Cézanne, Caillebotte, Camoin) http://blogdephaco.blogspot.com/2022/04/expo-charles-camoin-un-fauve-en-liberte.html Et l'on ne résiste pas à mentionner cet extrait du livre où le plus influent critique d'art français [Louis Vauxcelles] du début du XXe siècle écrit subjugué en 1907 ceci dans Gil Blas : « Comme peintre de fleurs et et de natures mortes, Mme Couturier est vraiment excellente. C'est la pulpe même, éclatante et légère, des pivoines, la transparence lumineuse et fragile des anémones, la gloire des "soleils", chers à Vincent Van Gogh, le volume épanoui des choux-rouges, la chair granuleuse des choux-fleurs. » (page 79).
S'inscrivant dans la continuité des précurseurs impressionnistes et de ses amis néo-impressionnistes elle explore puissamment la lumière intense et la richesse des couleurs à travers ses paysages méditerranéens. (Elle séjourne plusieurs fois en Provence et rend visite à Paul Signac à Saint-Tropez dès 1899.) Entre 1900 et 1906 le bois de Boulogne devient le sujet principal de sa production picturale. Ses portraits aussi accrochent immédiatement l'oeil avec leurs silhouettes et visages constitués de touches colorées juxtaposées.
Huile sur carton
69 x 37 cm
Saint-Tropez, musée de l'Annonciade, inv. 1977.1.2
L'on signalera au passage qu'au cours de l'année 1903 le peintre Maximilien Luce http://blogdephaco.blogspot.com/2025/03/expo-maximilien-luce-linstinct-du.html#more réalisa une douzaine de portraits de son amie Lucie Couturier, dont celui exposé au musée de l'Annonciade et acquis en 1977. Quant à son voyage en Afrique de l’Ouest dans les années 1921-1922, il marque un tournant dans son œuvre faisant la part belle à l’aquarelle et aux œuvres sur papier. Elle travaille toujours sur le vif mais la technique de l’aquarelle lui permet de s’exprimer de manière plus libre. Cette anti-conformiste se fera également connaître par son engagement en faveur de l’émancipation des peuples noirs, témoignant d’un intérêt encore rare à l’époque dans certains milieux pour les réalités africaines.
Lucie Cousturier, Maternité
Fusain sur papier
60 x 42 cm
Collection particulière
Au final, le livre Lucie Cousturier. Une artiste chez les néo-impressionnistes nous propose de découvrir à la fois une riche personnalité et une artiste de premier plan. Comme l'écrit Séverine Berger dans l'avant-propos du catalogue : « Tour à tour passionnée, anticonformiste, exigeante, artiste talentueuse mais aussi biographe éclairée, écrivaine engagée et militante, Lucie Cousturier a toute sa place dans une réécriture de l'histoire de l'art des avant-gardes du premier quart du XXe siècle.»
Lucie Cousturier, Nature morte
Huile sur toile
65 x 81 cm
Collection particulière
Séverine Berger, Adèle de Lanfranchi, Catalogue, Lucie Cousturier. Une artiste chez les néo-impressionnistes, broché, grand format, Beau Livre/Art, éditions Gourcuff Gradenigo, 144 pages,
texte français/anglais, 2025
A signaler :
Valadon et ses contemporaines - peintres et sculptrices 1880 -1940, sous la direction d'Anne Liénard et de Magali Briat-Philippe, avec la participation de Charlotte Foucher-Zarmanian, Marianne Le Morvan, Lena Pfeiffer et Nathalie Ernoult.
Editions in fine, 208 pages/230 illustrations 25 x 28 cm, brochée avec grands rabats, version française, 2020
Ouvrage sous la direction éditoriale de Séverine Berger, conservateur en chef du patrimoine, directrice du musée de l'Annonciade, Saint-Tropez
A signaler :
Expo Lucie Cousturier. Une artiste chez les néo-impressionnistes
Musée de l'Annonciade
2 place Georges Grammont
2 place Georges Grammont
Saint-Tropez (Var)
du 10 juillet au 14 novembre 2025
représentant Lucie Cousturier
29,5 x 39,5 cm
Collection particulière
A lire :
Martine Lacas, Jacqueline Marval 1866-1932 - Une fauve au Théâtre, Arts, broché avec rabats, éditions in fine, collection Chroniques du Théâtre des Champs-Elysées, 60 pages/36 illustrations, 2024
Editions in fine, 208 pages/230 illustrations 25 x 28 cm, brochée avec grands rabats, version française, 2020
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