lundi 5 septembre 2022

Vortex, le nouvel opus de Dereck Sherinian


Deux ans après The Phoenix, Dereck Sherinian sort Vortex, un opus instrumental bourré d'énergie, mêlant astucieusement climats funk, jazz et rock progressif. C'est avec le batteur Simon Phillips que l'ancien claviériste de Dream Theather a composé et produit ce disque ambitieux de 8 titres. A la guitare, il y est accompagné de personnalités caractéristiques de l'univers du rock mélodique orienté progressif comme Joe Bonamassa, Zakk Wylde, Steve Stevens, Steve Lukather et Ron « Bumblefoot » Thal. D'autres guitaristes ont également étés invités  sur Vortex comme Michael Schenker, Mike Stern et Nuno Bettencourt d’Extreme.  Cette longue brochette d'artistes n'est pas vaine et Vortex  échappe heureusement  aux codes du pur style d'exercice,   lot de bon nombre de  disques instrumentaux. Digne fil de Keith Emerson et de Jon Lord,   Dereck Sherinian y exprime  là une belle créativité, puisant dans divers styles et propulsant une musique des plus mélodiques dans un climat le plus souvent jazz rock.  Après son départ de Dream Theater en 1999, le  claviériste américain d'origine arménienne a multiplié les projets, proposant une oeuvre foisonnante, parfois inégale mais toujours intéressante. Dans la même veine instrumentale, après Black Utopia (2003) et The Phoenix (2020),  Sherinian sur  Vortex continue ce travail novateur. Titre fusion caractéristique, « Scorpion » lorgne subtilement entre des climats jazzy et classiques, quelque part entre Keith Emerson et Chick Corea.  Sherinian y joue de son instrument de prédilection (le piano), propulsant ses touches rapides et mélodiques entre la batterie impérieuse de Simon Phillips et la basse pulsative de Tony Franklin.

Dereck Sherinian

L'on retrouve la même habile section rythmique  sur le groovy « Key Lime Blues ». Et l''on peut y entendre un  flamboyant duel claviers/guitare où Sherinian s'illustre avec un entêtant riff au clavinet style  « Superstition » (Stevie Wonder) qui répond en écho aux pêchues réverbérations  bluesy de guitare  de Bonamassa rappelant celles de Steve Morse sur l'entraînant CD   Stressfest (1996).  Quant à    « Vortex » avec ses déferlantes de guitare solo et ses vagues yessiennes de synthés, c'est un morceau  tonique zigzaguant entre heavy metal et rock symphonique, rappelant le style de  Dream Theater. L'on signalera  « Die Kobra »  pour ses climats jazz et Synthy wave ainsi que   « No mad's land » pour son atmosphère orientaliste. Enfin, l'on mentionnera « Aurora Australis » (11 minutes), titre épique au croisement du jazz, du metal et du progressif.  Avec ses plages émotives à la Debussy/Ravel, ses réminiscences deepurpeliennes ( l'orgue Hammond si caractéristique de Jon Lord et autres Gary Brooker !) et ses envolées fantasques prog/metal c'est sans doute le morceau le plus étrange de Vortex. Au final, Vortex se profile un opus très alerte, porté par des compositions variées aux rythmiques souvent prenantes. Et sans doute en live il prendra une ampleur supplémentaire. A propos de Vortex le musicien déclarait récemment : « Vortex est une continuation de The Phoenix. Cependant, j’ai l’impression que la composition est plus forte sur le nouvel album, et je le décrirais comme un disque de fusion moderne de style années 70, mais avec une nouvelle tonalité plus lourde.»

Vortex, Dereck Sherinian, label Inside Out, USA, 2022










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