Actuellement le Petit Palais propose une rétrospective inédite (près de 250 oeuvres) consacrée à André Devambez (1867-1944), artiste exceptionnel et prolifique mais méconnu du grand public. L'oeuvre d'André Devambez a comme caractéristique principale de puiser dans la modernité de son époque. Ses motifs d'inspiration s'inspirent souvent des modes de locomotion tels que automobile, bus à impériale, métro, dirigeable ou avion. Ce qui frappe aussi dans le parcours de l'expo qui lui est consacrée c'est la profusion de tableaux de petit format où l'artiste excelle, que ce soit dans la représentation de sujets fantastiques (monstres, foules grouillantes) comme les contes de fées ou bien la description minutieuse qu'il propose de thèmes urbains comme le métropolitain, que l'on redécouvre avec un nouveau regard.
André Devambez, Vue de Paris. Collection particulière.
(Photo © Musée des Beaux-Arts de Rennes / Jean-Manuel Salingue 2021)
C'est également un grand portraitiste et l'on pourra découvrir dans l'expo de nombreux tableaux réalistes dont celui de sa mère, de sa femme et de ses deux enfants, Valentine et Pierre. En outre, c'est un amoureux de Paris. Il a un talent inné pour retranscrire de façon réaliste son histoire comme celle de la période trouble de la Commune ou par exemple au début du XXe siècle les manifestations de rue dans leur confrontation avec les forces de l'ordre. La Charge, par exemple, est un très beau tableau, qui au-delà de sa connotation sociale et politique, nous propose un intéressant point de vue en plongée comparable à celui de Monet dans La rue Montorgueil.
André Devambez, La Charge, boulevard Montmartre, 1902-1903.
Paris, musée d’Orsay
(Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski)
La perspective plongeante est d'ailleurs une caractéristique que l'on retrouve souvent dans son oeuvre. Il paraît que son enfance passée au sixième étage d’un immeuble parisien lui donna le goût des vues plongeantes ! Mais c'est surtout dans La Charge le contraste entre l'obscurité générale et les lumières jaillissantes minoritaires (lampadaires, panneaux publicitaires, vitrines des magasins, badauds éclairés) qui donne tout son cachet à cette représentation aérienne nocturne du boulevard Montmartre. Pour l'anecdote ce tableau figura longtemps dans le bureau du préfet Chiappe (1927-1934), amateur d'ordre et spécialiste de la répression des manifestations de rue.
La modernité urbaine d'André Devambez n'est pas sans rappeler parfois la stylisation aventureuse d'un André Lhote ou celle d'un Marcel Gromaire. La peinture de Devambez a également succombé aux sirènes de la modernité décorative. En 1910, il fut invité à réaliser des panneaux décoratifs pour la nouvelle ambassade de France à Vienne. Il choisit comme thème les inventions de son temps, peignant le métro, un omnibus, un avion, un aéroplane. André Devambez, et cette expo intitulée Vertiges de l'imagination renforce cette impression, est un artiste multifacettes.
André Devambez, Portrait de Pierre et Valentine, 1925. MUDO, musée de l’Oise
(Photo © RMN-Grand Palais / Adrien Didierjean)
Il mena une carrière d’illustrateur pour des revues comme Le Figaro illustré, l’Illustration et Le Rire. Et à travers son regard caustique et cocasse, c'est toute la petite et grande histoire de la Belle Epoque, qui transparaît dans ces expressions artistiques pleines de malice et de couleurs. Devambez, au cours de sa carrière, a aussi travaillé comme affichiste. Il a également signé toute une série de livres pour enfants (Histoire de la petite Tata et du gros patapouf, Les Aventures du Gros Patapouf ...). Il a également illustré des livres littéraires comme La fête à Coqueville, roman inhabituel et méconnu d'Emile Zola.
André Devambez, La complainte ou la chanson, vers 1939.
(Par courtoisie Marc Ottavi)
Il a également réalisé toute une série d’aquarelles évoquant des scènes de la Première Guerre Mondiale. L'on signalera aussi toute une série de créations surprenantes que l'in pourra découvrir dans le parcours de cette expo, des cartons d'invitation de grands hôtels aux services à dessert en passant par des assiettes stylisées aux motifs humoristiques. C'est dans toute cette diversité, dans cette curieuse juxtaposition de verve satirique et d' intensité réaliste que sans doute l'oeuvre confidentielle et captivante d'André Devambez doit être appréciée à sa juste mesure.
Expo André Devambez - Vertiges de l'imagination
Petit Palais Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill
Paris 8e
horaires : du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, les samedis et dimanches jusqu'à 19h
jusqu'au 31 décembre 2022
André Devambez, 1900
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