lundi 14 novembre 2022

La honte

© François Louchet
La honte 

Au Théâtre Dunois  Jean-Christophe Blondel met en scène le texte percutant et humaniste de  François Hien. Avec en toile de fond la question du viol le spectacle  La honte renouvelle notre regard sur la sexualité choisie et le comportement humain. A l'heure de Me Too et des réseaux sociaux  le thème des violences sexuelles a pris une ampleur inédite, notamment le sexisme quotidien et le harcèlement sexuel des femmes.  Le traitement théâtral de La honte se révèle original,  dépassant le simple constat  de bon ton sur  la place des femmes dans la société ou sur l'inégalité des  rapports hiérarchiques à l'université. 

© François Louchet
La honte

Subtilement mis en scène   par Jean-Christophe  Blondel ce drame nous raconte l'histoire banale d'une étudiante (Géraldine Ruben) se rendant un soir chez un professeur quinquagénaire (Louis Worms). Le spectacle nous montre cette même étudiante, quelques semaines plus tard, racontant pudiquement devant  la commission disciplinaire de l'université le viol dont elle aurait été victime ce jour-là de la part du professeur. 

© François Louchet
La honte 

Renonçant à  hystériser ou à diaboliser ses personnages la mise en scène  privilégie un climat théâtral  sobre et explicatif, proche à la fois du thriller psychologique et du documentaire social intimiste . Et l'intéressant texte de François Hien fait particulièrement ressortir le caractère complexe de cette affaire de moeurs où chaque personnage  n'apparaît jamais ni totalement blanc ni totalement noir. Dans une habile progression théâtrale, ponctuée d'un lancinant environnement musical de guitare électrique, La honte décortique chronologiquement toutes les étapes de ce drame : la soirée entre Géraldine et Louis, la dénonciation de Géraldine devant la commission disciplinaire, la convocation de Louis, les conclusions des membres de la commission. 

© François Louchet
La honte 

Jamais ennuyeux, ce spectacle - qui dure près de 2 heures -  interroge de façon cruciale la notion de consentement (celui de Géraldine), mais aussi à travers les quatre personnages de ce drame, enrobé parfois d'un  certain humour,  pose la question même de la subjectivité de l'interprétation des faits. Dans le rôle de ce professeur   désinvolte gentiment anar  et ayant réponse à tout John Arnold se révèle excellent. 

© François Louchet
La honte 
Quant à Noémie Pasteger, elle atteint une grande intensité dramatique dans sa façon réaliste d'exposer, tout en le revivant, son histoire personnelle.  Avec beaucoup de talent et une certaine drôlerie Yannik Landrein (Mathieu) et Pauline Sales (Clémence) interprètent    deux sincères  Sherlock Holmes universitaires, friands  d'analyses fines et de vérité  sociologique. Au final, l'on ne peut que recommander ce spectacle brillant et  performatif, qui au-delà d'une stricte dénonciation  des rapports de force homme-femme interroge sur un mode humaniste notre rapport   subjectif à l'Autre.   

durée : 1 h 50

La honte
Texte : François Hien
Mise en scène : Jean-Christophe Blondel
Avec John Arnold, Yannik Landrein, Noémie Pasteger, Pauline Sales
Création musicale et musique sur scène : Rita Pradinas

Théâtre Dunois
7, rue Louise Weiss
Paris 13e
horaires : mardi 15 novembre (14 h 30), mercredi 16 novembre (19 h), jeudi 17 novembre (14 h 30),
vendredi 18 novembre (20 h), samedi 19 novembre (20 h)










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