Une exposition inédite au Centre Pompidou rend hommage à
Francis Bacon (1909-1992), artiste inclassable de la modernité au style unique.
Corps disloqués, créatures horrifiques, autoportraits tourmentés… On a souvent souligné dans le monde de l'art l’aspect morbide de l’œuvre de
Francis Bacon, qui fanfaron, déclara un jour : « Nous sommes de la viande, nous sommes des carcasses en puissance. Si je vais chez un boucher, je trouve toujours surprenant de ne pas être là, à la place de l’animal. » Tout en mettant l’accent sur ses peintures produites durant les 20 dernières années la rétrospective qui lui est consacrée met en exergue les liens étroits entretenus par l’artiste avec l’univers du livre. (Sa bibliothèque comptait plus de 1 000 ouvrages !).
Francis Bacon, Triptych (1976)
On se rappellera peut-être de la phrase décisive de l’historienne d’art britannique
Wendy Beckett, commentant à sa façon les grands maîtres de la modernité picturale du XXe siècle : « Là où Balthus révèle un monde secret, Bacon, lui, nous décrit un monde miné par l’horreur et l’angoisse. » Regards vides, silhouettes inquiétantes, parties déformées, carcasses de corps… Au fil de l’expo le commentaire de
Beckett nous renvoie en permanence à la réalité de cette crudité picturale que Michel Leiris évoquait déjà à travers « les corps tordus, lacérés, pressurés de Bacon ». Dans son travail préparatoire l’artiste britannique se servait souvent d’images preexistentes qu’il recomposait comme des photographies anonymes, des images médicales de maladies de la bouche ou des photogravures de films de
Bunuel, Eisensten ou
Stroheim.
Francis Bacon, In Memory of George Dyer (1971)
Cet univers d’inspiration - pas vraiment des plus joyeux ! - s’accéléra notamment au cours de ses 20 dernières années. Analysant cette orientation profane l'historien d'art
Chris Stephens écrit justement : « Bacon s’intéresse à la pure animalité des humains, foncièrement égoïstes, cruels et vulnérables, et à la matérialité charnelle des corps. La vie telle qu’il la présente dans son art est fugace, forcément solitaire et absurde. » L’autre aspect de l’œuvre présentée est son aspect autobiographique.
Dans son triptyque
In Memory of George Dyer l’artiste rend hommage à la mémoire de son amant et modèle, suicidé quelques jours avant la rétrospective du peintre de 1971 au Grand Palais. Au final une expo passionnante qui nous montre qu'à travers ses grands triptyques
Bacon mettait en fait en scène sa propre vie et celle de ses amis.
Francis Bacon, Female nude standing in doorway (1972)
Expo Bacon en toutes lettres
Centre Pompidou - galerie 2, niveau 6
Paris 4e
horaires : tous les jours (sauf le mardi) de 11 h à 21 h
jusqu'au 20 janvier 2020
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