lundi 5 novembre 2018

Expo Miro



Céramiste et peintre exceptionnel, Joan Miro (1893-1983) révolutionna l’art moderne par son inspiration enfantine et étrange. Le Grand Palais honore le Catalan surréaliste dans une rétrospective riche d’environ 150 œuvres.


A la fois légère et onirique, l’oeuvre de cet artiste au talent foncièrement introspectif séduit et surprend toujours près de 30 ans après sa mort. Cette copieuse expo du Grand Palais invite le visiteur à la découverte d’un intéressant parcours chronologique : des premières œuvres fauvistes de la ferme familiale de Mont-Roig (Catalogne) aux vibrantes Toiles brûlées très physiques dans lesquelles s’inscrit la puissance toute primitive du Miro vieillissant. Peut être la première chose qui frappe dans la réception de ses toiles c’est une sorte de juvénilité à la fois énigmatique et naturelle.

© Successió Miró / Adagp, Paris 2018 Photo Successió Miró Archive
Femme et oiseau dans la nuit, 26 janvier 1945, huile sur toile, 146 x 114 cm, Espagne, Barcelone Fundació Joan Miro.

La renommée historienne d’art Wendy Beckett remarquait déjà il y a une vingtaine d’années dans son Histoire de la peinture cette originalité décisive : « Son art [celui de Miro] relève d’une spontanéité supérieure encore à celle d’Ernst ou de Dali par son rejet des artifices picturaux traditionnels ». C’est que la peinture de Miro surprend à la fois par une atmosphère légère et enchantée ainsi que par un climat inquiétant, voire grinçant. Au fil de l’expo, l’on découvrira ce dernier aspect notamment dans « Peintures sauvages », une série de 15 grands pastels exécutés en 1934 à Mont-Roig, représentant des créatures hybrides fascinantes et monstrueuses. Dans un climat plus apaisé, l’on signalera les emblématiques peintures-poèmes - dans lesquelles l’artiste inscrivait sur ses toiles la phrase d’un poème - ou encore la série beaucoup plus tardive des Bleus, dont les œuvres monumentales proposent une synthèse, selon l’aveu même du peintre, de toutes ses expériences passées.

© Successió Miró / Adagp, Paris 2018 Photo National Gallery of Art, Washington
La Ferme, 1921-1922, huile sur toile, 123,8 x 141,3 cm, États-Unis, Washington National Gallery of Art.

On retiendra son fabuleux travail céramique, en collaboration avec son ami Llorens i Artigo, ses assemblages et sculptures dénotant l’esprit caustique et subversif de Miro. Bref, pour toute cette diversité attrayante, qui laisse percer la vitalité moderne et le langage profondément poétique de cette œuvre à la fois accessible et mystérieuse, il faut se rendre à cette passionnante expo. Miro confia un jour : « Je peins comme si je marchais dans la rue. Je ramasse une perle ou un croûton de pain et je restitue ce que j’ai ramassé ; quand je suis devant une toile, je ne sais jamais ce que je vais faire ; et je suis le premier surpris de ce qui arrive. »

Expo Miro
Grand Palais - Galeries nationales
Avenue Winston Churchill
Paris 8e
horaires : lundi, jeudi et dimanche de 10 h à 20 h ; mercredi, vendredi et samedi de 10 h à 22 h, fermé le mardi

jusqu’au 4 février 2019

Joan Miró : Entretien avec Georges Charbonnier [1950-1953]








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