lundi 8 octobre 2018

Victoire, le nouvel opus de Le Prince Miiaou



4 ans après Where is the queen ? la chanteuse-multi-instrumentiste  Le Prince Miiaou  sort Victoire. Orienté vers des sonorités electro, l'opus, sans être inintéressant, laisse sur une impression plutôt mitigée.


A l’écart des modes, davantage plébiscitée par la critique musicale que par le grand-public, Maud-Elisa Mandeau, plus connue sous  le pseudonyme de Le Prince Miiaou a élaboré - au fil des années - un style personnel original, orienté vers un univers introspectif un peu théâtral et largement ouvert aux sonorités 70/80. Musicalement, Le Prince Miiaou lorgne vers le rock indie et une pop sophistiquée aux couleurs arty. Quant au chant de Mandeau, félin et incisif, il rappelle parfois Anna Aaron, PJ Harvey ou Anne Calvi. A la fois discrète et incisive,  Le Prince Miiaou est sans doute une des personnalités féminines majeures du pop rock français des années 2000, séduisant  d’emblée avec des titres mélodiques diversifiés et un climat subtil et mystérieux, papillonnant entre sonorités space, cold wave, electro et art rock. Avec Victoire l'artiste - originaire de Charente-Maritime - opère un virage à 100 % vers l'electro  pour un résultat qui laisse parfois perplexe, vu la qualité supérieure de ses précédents disques. Les premiers titres de l'opus, qui comptent 12 titres, démarrent cependant fort. Mélodique et délicieusement alambiqué, faisant aussi l'objet d'un amusant clip, « Flip the Switch » marie choeurs aériens, percussions légères et entêtantes sonorités electro. Quant au superbe « Poisson », c'est une ballade vénéneuse au rythme alerte débitée  sur un ton hypnotique, alternant français et anglais sur fond de pulsations electro.

Le Prince Miiaou

Après ce surprenant et délicat fish and trip le 3e morceau - agréable et sans prétention - intitulé « Closure » entraîne l'auditeur vers des rivages electro  syncopés. Puis, le reste du CD laisse sur une impression moins convaincante. Avec ses synthés très eighties et son pop rock seventies, « Glasgow Smile » est un titre plutôt bien construit même s'il ne laisse pas un souvenir impérissable. Quant à « Summer Loner » et « Steadfast » au climat moite et indécis, ils rappellent par moments un peu le climat  de  Where is the queen ? sans jamais atteindre les sommets artistiques aventureux de ce précédent opus. Les choses se gâtent  sur  « Victoire »  avec des synthés vraiment conventionnels et des enregistrement sonores tarabiscotés. (On dirait du Kylie Minogue !). Répétitifs et minimalistes « Tied Up »  et  « Fuck »  ne laissent pas également de souvenirs impérissables, de même que le trop  prévisible « Le Pédagogue » ou « Des parpaings et des roses », morceau lorgnant vers une variété gnangnan style Jeanne Mas/Mylène Farmer. Au final, ce Victoire laisse sur une impression contrastée. Et cette franche excursion de Mandeau vers l'électro semble osciller constamment entre titres ambitieux et morceaux mous.  (Dans ce style electro/arty si caractéristique,  l'on recommandera par exemple  chaudement le formidable Neuro (2014) de la  Suissesse Anna Aaron, dont l'on attend d'ailleurs impatiemment le nouveau CD Pallas Dreams  [parution janvier 2019]). 

Victoire Le Prince Miiaou, autoproduction, France, 2018



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