lundi 29 octobre 2018

La Mongolie de Gengis Khan, entre ciel et steppe



Dans  La Mongolie de Gengis Khan,  entre ciel et steppe les photographes Tuul et Bruno Morandi explorent la dimension spatiale, aventureuse voire charnelle de ces terres ancestrales peuplées de nomades.


Spécialisés dans la photo de voyages, les auteurs de ce Beau Livre arpentent le monde depuis des années, scrutant inlassablement avec leurs appareils les couleurs et lumières changeantes des pays visités ainsi que le mode de vie de leurs habitants. En feuilletant ce magnifique ouvrage l’on est frappés par la puissance suggestive de ces paysages sauvages et par la permanence du mode de vie nomade. Leurs auteurs ont fait le pari ambitieux de partir à la trace des grands espaces de la Mongolie mythique de Gengis Khan, des étendues glacées aux confins de la Sibérie jusqu’au désert de Gobi en passant par les vastes pâturages, royaumes des populations nomades.

photo Tuul et Bruno Morandi
Bayandalay, jeune Tsaatan de 12 ans, dort en compagnie de son renne après une longue journée de transhumance. (page 40)

Accompagné de quelques courts textes explicatifs, ce livre de photographies se révèle passionnant.   L’on part à la découverte de cette culture mongole ancestrale à travers la variété des loisirs ou des rites religieux de leurs habitants. Ces photos sont d’autant plus intéressantes qu’elles reflètent une esthétique forte mais discrète témoignant du lien primordial entre mode de vie et cadre naturel. Ainsi, l’on découvrira les fiers burkitchins kazakhs - installés dans la province occidentale mongole de Bayan-Olgii - s’adonnant à la chasse à l’aigle. Depuis des millénaires, les cavaliers des steppes des hauts plateaux d’Asie centrale pratiquent cet art. Bardés de fourrure et aussi majestueux que des souverains Tudor, les burkitchins kazakhs ont plutôt fière allure ! La tradition burkitchin veut qu’après 10 ans de « service » l’homme rende l’aigle à la nature afin qu’il vive sa vie de roi des oiseaux. N’est-ce pas magnifique (! ?) 

photo Tuul et Bruno Morandi
Mongolie, Province du Khentii, homme nomade devant sa yourte. (page 62)

Le livre part aussi à la rencontre des Ouïghours, d’anciens nomades venus de Mongolie aujourd’hui sédentarisés, installés dans la province chinoise du Xij Iang. On les découvre assemblés pour le grand marché hebdomadaire en train de palabrer ou de déguster des nouilles lagman. Bien encapuchonnés dans leurs vêtements chauds les Tsaatans ou « éleveurs de rennes », eux, nomadisent dans la taïga de l’extrême nord de la Mongolie. Quand aux Ouzbeks, on peut les découvrir vêtus de leur tchapane,  en train de boire le thé ou jouant tranquillement aux échecs. La persistance de la tradition sert de fil conducteur à ce livre dont les auteurs écrivent : « Le maintien de la culture pastorale et nomade est partagée au-delà de la Mongolie par un grand nombre de peuples en Asie centrale comme les Kazakhs, les Ouzbeks, les Kirghizes, Les Touvas, les Kalmouks, les Turkmènes.

photo Tuul et Bruno Morandi
Dorjgotov traverse la rivière Orkhon avec son troupeau de chevaux.
Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco en 2004, cette vallée est habitée par des nomades depuis des millénaires. (page 105)

Ce mode de vie unique et précieux n’aurait peut être pas perduré si Gengis Khan n’avait pas conquis le monde. » Le livre témoigne des cérémonies chamaiques encore vivaces dans lesquelles l’on voit les intercesseurs le visage caché par un rideau de corde tressé. Quant à l'activité du bouzkachi, répandu dans toute l’Asie centrale, il est considéré par l’ensemble des peuples des steppes comme indissociable de leur culture. Vu d’Occident le bouzkachi peut paraître cruel. En effet, les photos nous montrent des cavaliers se disputer la dépouille d’un animal sacrifié pour l’occasion et rempli de sable. Entre impressionnantes transhumances, paysages à couper le souffle et portraits vibrants d’hommes et de femmes  La Mongolie de Gengis Khan, entre ciel et steppe nous convie à un voyage extraordinaire  où passé, présent et futur semblent en permanence se  confondre. « En 1990, après 70 ans de communisme, les Mongols redécouvrent leur culture, leur religion, leur origine et… Gengis Khan », peut-on lire à la fin du livre.

Tuul et Bruno Morandi, La Mongolie de Gengis Khan, entre ciel et steppe, éditions Hozhoni, 312 pages, 2018













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