lundi 11 juin 2018

Pororoca Pas un jour ne passe




Avec Pororoca Pas un jour ne passe le cinéaste roumain Constantin Popescu Principles of life (2010), Contes de l’âge d’or (2009) - signe un thriller psychologique étrange et glaçant sur fond de deuil d’enfant.


En dialecte Tupi Pororoca signifie « le grand rugissement » ou « ce qui détruit tout sur son passage avec grand fracas ». Enigmatique, le titre du long métrage colle idéalement à cette histoire, dont Popescu a écrit le scénario : celle d’un couple (Cristina et Tudor), confronté à la disparition de leur fille kidnappée (Maria), bouleversant leur vie.  Aux abords d'un scénario aussi prévisible et naïf, on pouvait craindre le pire..., à un de ces bons mélos américains didactiques dégoulinant de bons sentiments et  d’horreurs bien dégueulasses. Heureusement, il n’en est rien et  par une construction assez fascinante et par la qualité de jeu des acteurs  le film  oriente le spectateur plutôt vers un grand film sensoriel, humain et  métaphysique.

Pororoca Pas un jour ne passe

Avant même d’ailleurs de glisser dans la pure angoisse - celle des parents - et surtout du père (Tudor) - à la suite de la disparition inexpliquée de leur fille dans le parc - le cinéaste prend tout son temps. Riche en plans larges, la première demi-heure du film nous laisse découvrir le parc sous toutes ses coutures. Popescu semble fasciné par la banalité du quotidien d’un dimanche dans un grand parc ensoleillé comme si celle-ci cachait nécessairement son contraire : un poison caché,  dissimulé sous l’apparente innocence des jeux enfantins du parc. Dans le style cinématographique de Pororoca Pas un jour ne passe il y a un côté  pictural avec cette façon élégante de filmer en des plans intéressants  joggeurs, cyclistes,  enfants en skate-board,  simples passants,  chiens ou  simples marchands ambulants.  Subtilement, comme dans un effet de lumières et d’ombres Popescu fait alterner tranquillité apparente et menace bien réelle.

Pororoca Pas un jour ne passe

Acteur instinctif et talentueux, Bogdan Dumitrache interprète Tudor. (Dumitrache a notamment joué  dans Métabolisme et Quand le soir tombe sur Bucarest.) Homme brisé, Tudor sombre progressivement dans la folie et dans la paranoïa. Ni son entourage - son fils et  sa femme - ni les conseils raisonnables de la police n’auront de prise sur cet homme coupé du monde par la douleur. Popescu filme son personnage, mordu par le démon de ne pas comprendre ce qui lui est arrivé, rôdant en permanence dans le parc à la recherche du moindre indice,  soupçonnant un promeneur spécifique, flairant comme un chien abattu un univers dont il ne comprend déjà plus les aboutissements. Paroxystique et ultraviolente, la fin de Pororoca Pas un jour se révèle étonnante.  Cette fresque latente et glaciale est en tout cas un des films roumains les plus aboutis de ces dernières années. 

Pororoca Pas un jour ne passe

durée : 2 h 30

Pororoca Pas un jour ne passe, un film de Constantin Popescu, Roumanie/France, 2017
Avec Bogdan Dumitrache (Tudor), Lulia Lumânare (Cristina), Constantin Dogiooiu (Pricop), Stefan Raus (Llie), Adela Marghidan (Maria)

Pororoca Pas un jour ne passe



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