© André Ostier, Jean Fautrier, 1958
A travers une importante rétrospective le Musée d’Art moderne de la ville de Paris rend hommage à Jean Fautrier (1898-1964), peintre majeur du XXe siècle, paradoxalement peu connu du grand public.
Paysages sombres - glaciers et lacs gris et froids -, natures mortes indéterminées, portraits ambigus et nus fantomatiques… D’emblée, la peinture de Fautrier intrigue par son climat résolument suggestif et étrange. Fautrier se profile un artiste « inclassable ». Son anticonformisme et sa modernité sinueuse s'inscrivent peut-être trop en décalage de mouvements et de repères picturaux basiques. Ses débuts d’ailleurs (1921-25) se déroulent sous le signe d’une réaction anticubiste. Et bien qu’André Malraux et Jean Paulhan lui servirent d’intercesseurs, sa peinture ne fut guère prisée à ses débuts. Par son climat, la peinture de Fautrier se rapprocherait plutôt de celui de l’Europe du Nord ou de certains artistes flamands.
Crédit photographique : Eric Emo/Parisienne de Photographie © Adagp, Paris, 2017
La promenade du dimanche au Tyrol (Tyroliennes en habit du dimanche), 1922, Huile sur toile, 81 x 100 cm.
Ses tableaux sombres peuvent parfois faire songer à de Vlaminck, voire à Derain, Delvaux ou même Balthus pour l’immobilité fixe qui se dégage de ses nus et portraits. Parmi ses portraits de groupe les plus curieux présentés dans cette expo, l’on signalera La promenade du dimanche au Tyrol (1922) et Trois Vieilles Femmes (1923). Ses énigmatiques portraits/nus ainsi que ses natures mortes particulièrement étudiées peuvent rappeler aussi l'oeuvre de l'artiste anglais Walter Sickert (1860-1942). Ce dernier fut d’ailleurs son professeur à la Royal Academy de Londres. Fautrier y fut admis à 14 ans. [Dès 1908, la mère de Fautrier s’installa dans la capitale anglaise.] Exhaustive et proposant un parcours chronologique précis, l’expo Jean Fautrier - Matière et lumière présente donc environ 200 œuvres - dont près de 160 tableaux, dessins et gravures, ainsi qu’un important ensemble de scultures. Au fil des salles, l’on découvrira toute la sombre virtuosité et la passion pour la matière de cet artiste atypique.
Crédit photographique : Eric Emo/Parisienne de Photographie © Adagp, Paris, 2017
Le grand sanglier noir, 1926, Huile sur toile, 195,5 x 140,5 cm.
« Brûlante et rauque, matricielle dans la subtilité des hautes pâtes, elle [la matière] dirige l’œuvre d’une énergie contenue, comme le fleuve charrie ses eaux, puissantes, tumultueuses, pénétrantes. »
Expo Jean Fautrier - Matière et lumière
Musée d’Art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président Wilson
Paris 16e
horaires : tous les jours (sauf lundis et jours fériés) : 10 h-18 h, nocturne le jeudi jusqu’à 22 h
jusqu'au 20 mai 2018
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