lundi 16 octobre 2017

Expo André Derain 1904-1914, la décennie radicale


André Derain. L’Estaque route tournante, 1906. Huile sur toile, 129,5 × 195 cm
Museum of Fine Arts, Houston.

Du fauvisme au cubisme cézanien, en passant par le réalisme magique, l’expo André Derain 1904-1914, la décennie radicale retrace la première période picturale d’une des figures les plus fascinantes et les plus méconnues de l’histoire de l’art moderne.

Pour faire resurgir toute la modernité et la complexité de cet artiste « trop mobile, trop paradoxal », pour reprendre l’expression de Michel Charzat (*), le Centre Georges Pompidou a mis les moyens : 70 peintures, de nombreuses sculptures et gravures, des dessins, carnets et céramiques. Egalement, l’on pourra découvrir de rares documents et archives, comme d’amusants extraits de la Fille de l'eau (1925), film de son ami Jean Renoir dans lequel Derain joue le rôle d’un patron de café. 

André Derain, Le Bal à Suresnes, 1903, huile sur toile, 180 x 145,1 cm.

De sa rencontre artistique avec Vlaminck, Matisse, Braque et Picasso à sa mobilisation comme artilleur en 1914, la présentation chronologique des œuvres de Derain à travers cette décennie cruciale apporte un saisissant témoignage sur la création du peintre. Au cours de ces 10 ans Derain va beaucoup expérimenter. Comme le rappelle son tableau Le Bal à Suresnes, il s’inspire - dès ses débuts - de la photographie. Les 11 salles du parcours de l’expo décortiquent cette évolution picturale, et l’on est frappés par l’agilité artistique de Derain, particulièrement par la puissance de sa couleur et son sens de la composition. Marquées par un réalisme urbain, ses œuvres de jeunesse, dont les traits font parfois songer aux caricatures de son époque, privilégient cafés, boulevards et bouges. 

André Derain, Baigneurs, 1907, huile sur toile, 132.1 x 195 cm.
MoMa, New York, William S. Paley and Abby Aldrich Rockfeller Funds

Il y a aussi ses premières toiles fauves en bord de Seine. Fasciné par l’œuvre de Vincent Van Gogh, Derain peint souvent en compagnie de son ami Vlaminck, dont il partage à Chatou un atelier situé au-dessus d’un restaurant. Le parcours continue avec les féeries londoniennes où Derain privilégie la Tamise dans des mises en scène théâtrales. Une autre salle nous fait découvrir son interprétation de la lumière méditerranéenne, en compagnie de Matisse, à Collioure. D’autres salles sont consacrées à ses grandes compositions allégoriques ainsi qu’à ses recherches cubistes qui le rapprochent de Braque et Picasso. Ses tableaux inspirés des Primitifs italiens concluent l’expo, laissant entrevoir son inspiration future. De cet artiste visionnaire et très subtilement éclectique, Vlaminck (**) dira à la fin de sa vie :

« J’avais toujours constaté chez Derain une curiosité sans cesse en émoi. Il était attiré par tout ce qui pouvait être un départ et, de tous les hommes que j’ai connus, c’était l’un des plus aptes à tout sentir, tout comprendre, un des êtres les plus intelligents qu’il m’ait été donné de rencontrer sur ma route. »

(*)  Michel Charzat, André Derain - Le titan foudroyé, éditions Hazan, 2015
(**) Maurice de Vlaminck, Portraits avant décès, Paris, Flammarion, 1943, op.cit. p.51

Expo André Derain 1904-1914, la décennie radicale
Centre Pompidou
Galerie 2, niveau 6
Place Georges Pompidou
Paris 4e
horaires : tous les jours, sauf le mardi, de 11 h à 21 h, nocturne le jeudi jusqu'à 23 h

jusqu'au 29 janvier 2018

Derain dans une scène de la Fille de l'eau (1925)

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