Comédie spirituelle, loufoque et douloureuse, Mascarades interroge crûment sur la solitude et la vieillesse. Sur un mode théâtral aussi alerte que subtil, Coralie Miguel met en scène au Théâtre Montmartre Galabru le texte dérangeant et profond de Marina Gauthier.
« Quand je dors, j’ai plus de rêves. L’alcool tue les rêves, et ça c’est bien. » La répartie explicitement nihiliste du principal personnage plante assez bien le climat général de la pièce. Interprétée par Roselyne Geslot, Madame Fieldman (Suzanne) est une retraitée au mystérieux passé de couturière. Elle souffre de la solitude, et nous apparaît, surtout dans la première partie de Mascarades, comme une personne aigrie par les épreuves de la vie, une sorte de Tatie Danielle cynique auréolée d’un masque tragique.
Sa seule compagnie est une jeune voisine charmante et attentive (Lucie) - jouée par Marina Gauthier - dont le caractère gai et le constant dévouement contraste avec le franc-parler pleurnichard et menaçant de Suzanne. Par une habile progression narrative, ce huis clos aussi drôle qu’étouffant nous révélera à demi-mot les petits non-dits et grands secrets qui entourent la vie de cette vieille dame. L’invitation dans son petit appartement par Suzanne d’une ancienne amie (Elise) perdue de vue sera le point sensible de départ d’une histoire de mascarades basculant constamment entre climat inquiétant de drame naturaliste et comédie moderne de caractères.
Ces retrouvailles seront concrétisées par un mémorable dîner improvisé qui réunira également le mari (Michel) d’Elise et le petit ami (Karim) de Lucie. Quant à Madame Fieldman, elle fera passer cette dernière pour sa fille. Cordiaux et diplomates au début, les dialogues des personnages au cours de cette réunion se feront de plus en plus incisifs, rappelant un peu pour l’ambiance ceux du fameux repas au manoir d’Helge Klingenfelt de Festen (1998) [Thomas Vinterberg], au cours duquel de terribles secrets de famille refont surface.
La qualité et l’aplomb du texte de Marina Gauthier séduit par sa saveur caustique et son sens glacé d’observation des rapports humains. (Néanmoins, une certaine tendresse perce dans la pièce à travers la description des liens amicaux entre Suzanne et Lucie.) Inspirée en partie par la vie d’une grande actrice américaine [Ellen Burstyn], le personnage de Madame Fieldman - interprété avec brio par Roselyne Geslot - frappe à la fois par sa fragilité et sa force morale. Réunissant cinq personnages au caractère fort différent, cette insolite soirée fonctionnera comme le révélateur de tous les secrets du passé mais aussi du climat d’indifférence, d’hostilité et de haine, qui plane sur cette atypique réunion.
Orientant sa mise en scène entre tension dramatique et drôlerie des situations, Coralie Miguel donne un ton réaliste particulièrement original à cette pièce. En outre, tous les comédiens possèdent un jeu très naturel. A la fois sombre et comique, Mascarades rappelle un peu les histoires délicieusement tordues de Pinter ou de Kundera. Puisant à la fois dans le côté risible de la comédie humaine et dans la symbolique des grands sentiments qui agitent le monde, Mascarades se profile comme un des grands crus théâtraux de cette rentrée parisienne !
Mascarades - Théâtre Montmartre Galabru
Sa seule compagnie est une jeune voisine charmante et attentive (Lucie) - jouée par Marina Gauthier - dont le caractère gai et le constant dévouement contraste avec le franc-parler pleurnichard et menaçant de Suzanne. Par une habile progression narrative, ce huis clos aussi drôle qu’étouffant nous révélera à demi-mot les petits non-dits et grands secrets qui entourent la vie de cette vieille dame. L’invitation dans son petit appartement par Suzanne d’une ancienne amie (Elise) perdue de vue sera le point sensible de départ d’une histoire de mascarades basculant constamment entre climat inquiétant de drame naturaliste et comédie moderne de caractères.
Mascarades - Théâtre Montmartre Galabru
Ces retrouvailles seront concrétisées par un mémorable dîner improvisé qui réunira également le mari (Michel) d’Elise et le petit ami (Karim) de Lucie. Quant à Madame Fieldman, elle fera passer cette dernière pour sa fille. Cordiaux et diplomates au début, les dialogues des personnages au cours de cette réunion se feront de plus en plus incisifs, rappelant un peu pour l’ambiance ceux du fameux repas au manoir d’Helge Klingenfelt de Festen (1998) [Thomas Vinterberg], au cours duquel de terribles secrets de famille refont surface.
Mascarades - Théâtre Montmartre Galabru
La qualité et l’aplomb du texte de Marina Gauthier séduit par sa saveur caustique et son sens glacé d’observation des rapports humains. (Néanmoins, une certaine tendresse perce dans la pièce à travers la description des liens amicaux entre Suzanne et Lucie.) Inspirée en partie par la vie d’une grande actrice américaine [Ellen Burstyn], le personnage de Madame Fieldman - interprété avec brio par Roselyne Geslot - frappe à la fois par sa fragilité et sa force morale. Réunissant cinq personnages au caractère fort différent, cette insolite soirée fonctionnera comme le révélateur de tous les secrets du passé mais aussi du climat d’indifférence, d’hostilité et de haine, qui plane sur cette atypique réunion.
Mascarades - Théâtre Montmartre Galabru
Orientant sa mise en scène entre tension dramatique et drôlerie des situations, Coralie Miguel donne un ton réaliste particulièrement original à cette pièce. En outre, tous les comédiens possèdent un jeu très naturel. A la fois sombre et comique, Mascarades rappelle un peu les histoires délicieusement tordues de Pinter ou de Kundera. Puisant à la fois dans le côté risible de la comédie humaine et dans la symbolique des grands sentiments qui agitent le monde, Mascarades se profile comme un des grands crus théâtraux de cette rentrée parisienne !
durée : 1 h 20
Mascarades, une pièce de Marina Gauthier
Mise en scène : Coralie Miguel
Avec Roselyne Geslot (Madame Fieldman, Suzanne), Alex Vicaire (Karim), Lydie Rigaud (Elise), Didier Levy Haussmann (Michel), et Marina Gauthier (Lucie)
Théâtre Montmartre Galabru
4, rue de l'Armée d'Orient
Paris 18e
horaires : tous les vendredis (21 h 30)
jusqu'au 28 avril 2016
MASCARADES
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