lundi 2 mai 2016

Montanha



Premier long métrage de Joao Salaviza, Montanha est un film nonchalant et mélancolique sur le mal-être adolescent avec comme décor la périphérie de Lisbonne.


La solitude est un thème que déjà l’on retrouvait dans les précédents courts métrages [Cerro Negro (2011), Rafa (2012)] du réalisateur portugais. Salaviza semble apprécier les jeunes personnages fragiles, désœuvrés et taiseux. En cela son cinéma se profile proche de celui de l’Espagnol Jaime Rosales [La Belle Jeunesse (2014)] ou du Brésilien Francisco Garcia [Sao Paulo Blues (2014)]. Quoique de façon différente, ces deux réalisateurs, comme Salaviza, cherchent  à capter une certaine réalité de la jeunesse tout en évitant d’emprunter aux stéréotypes du genre.

Montanha

On retrouve dans leurs films le même climat de torpeur, plus profondément l’incapacité pour ces antihéros de se projeter dans un monde qui revêt pour eux les couleurs sombres de l’ennui et de la déprime sociale. L’histoire de Montanha se concentre sur une semaine. Le personnage principal est un jeune de 14 ans (David) livré à lui-même, dont la mère passe des nuits entières au chevet d’un père mourant. Le grand-père de David n’apparaît d’ailleurs jamais à l’écran, et peut être considéré comme une métaphore du réalisateur pour nous suggérer le climat de solitude dans lequel baigne David et sa famille. Méticuleusement filmés objets et appartements (dans la pénombre) donnent à ce Montanha une touche un peu expressionniste.

Montanha


« Je pense toujours à cette idée assez tchékhovienne selon laquelle les objets et les souvenirs nous poursuivent jusqu’à la fin de nos jours », confie Salaviza à propos du long métrage. Inspiré par son enfance et ses souvenirs d’adolescence dans une résidence de Lisbonne, le cinéaste nous montre l’univers urbain dans lequel évolue son jeune personnage à travers les terrains vagues de la capitale portugaise. Subtilement, sans pathos et sans complaisance, il nous décrit le quotidien de David et sa  problématique relation avec son entourage (copain, famille, petite amie), de l’école buissonnière à son entrée dans la petite délinquance.

Montanha


Au-delà du thème (un peu convenu !) de la solitude des jeunes, Salaviza à travers le cas de David semble davantage s’intéresser à leur souffrance et à leur rapport autistique au monde. Par son expressif et délicat formalisme, ce petit film d’auteur dégage parfois un climat néoréaliste. Montanha s'ancre dans les sonorités de la ville. Visiblement Salaviza aime filmer les intérieurs, les immeubles, les corps, l’étrange nuit et le ciel laiteux de Lisbonne. Inscrivant puissamment la lumière et la pénombre dans son cinéma intimiste, il nous propose avec ce premier long métrage un style cinématographique à la fois social et méditatif, tout imprégné de poésie urbaine. 

durée : 1 h 30

Montanha, un film de Joao Salaviza, Portugal/France, 2015
Avec David Mourato (David), Maria Joao Pinho (Monica), Rodrigo Perdigao (Rafael), Cheyenne Domingues (Paulinha)


Montanha

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