Abondamment illustré des tableaux de la célèbre peintre du XVIIIe siècle, Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun par Haldane Macfall propose une intéressante synthèse de l’œuvre et de la vie d’une des plus grandes portraitistes de son temps.
Quoique Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) ait laissé des Mémoires parus quelques années avant sa mort, sa vie s’avère peu connue du grand public. La postérité a surtout retenu son statut de peintre officiel de la reine Marie-Antoinette. Agréable à lire et émaillé de nombreuses citations de Vigée-Lebrun, l’ouvrage de Haldane Macfall nous évoque le curieux destin d’une jeune femme très belle et passionnée par son art.
Portrait du comte Pavel Stroganov, années 1790
Huile sur toile, 28,5 x 35 cm
Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Issue d’un milieu petit-bourgeois et d’une famille d’artistes, elle deviendra en quelques années - grâce à son talent et à des relations - la portraitiste incontournable de la grande aristocratie française, des princes du sang et de la famille royale. De façon concise et pertinente, l’auteure nous suggère l’ambivalence de la personnalité et de la peinture de Vigée-Lebrun, qui paraît à la fois atypique et conformiste. Même si elle se soumet aux codes sociaux de ses prestigieux commanditaires, ses portraits [on en recense 662 !] reflètent néanmoins une grande force rare de caractère. En outre, la sensualité diffuse qui se dégage de ses sujets ainsi que les effets subtils d’ombre et de lumière de ses tableaux ont contribué à sa notoriété et l’ont classée parmi les grands peintres de son époque, quelque part entre Quentin de La Tour et Jean-Philippe Greuze.
Portrait de Corisande de Gramont, comtesse de Tancarville, 1819
Pastel sur papier, 45,8 x 33,6 cm
Collection privée
A la suite de la Révolution, sa carrière prend une nouvelle tournure, plus cosmopolite, au cours d’un exil d’une dizaine d’années (1789-1802), qui la mène en Italie, en Autriche et en Russie. Dans ces trois pays, elle portraitura la haute bourgeoisie et les cercles aristocratiques européens. Le principal intérêt de ce livre doté d'une belle iconographie réside dans sa capacité à restituer limpidement Elisabeth Vigée-Lebrun dans le contexte social et politique de son époque tout en relatant les faits marquants de sa vie privée, en empruntant des extraits choisis de sa correspondance [ses étonnantes Lettres à la princesse Kourakina]. Joliment, l’auteure conclut qu’elle fut « le dernier sourire du XVIIIe siècle » [après Boucher et Fragonard !] et que « son art survécut à la Révolution et continua à diffuser grâce et charme par-delà l’Empire ».
Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun par Haldane Macfall avec la collaboration de
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire