lundi 9 mars 2015

Spécial Théâtre





Cette semaine, BLOG DE PHACO vous recommande quatre excellents spectacles : Faisons un rêve de Sacha Guitry (Théâtre Pixel), L’Echange de Paul Claudel (Théâtre de l’Opprimé), Début de fin de soirée (Théâtre des Variétés) de Clément Michel et Une femme seule de Dario Fo, Franca Rame et Jacopo Fo (La Manufacture des Abbesses)…


1
 Faisons un rêve 


Faisons un rêve - Théâtre Pixel

Comédie de mœurs de Sacha Guitry (1885-1957), Faisons un rêve (1916) est une de ses pièces les plus célèbres, parmi les 130 recensées. Astucieusement mis en scène par Morène Guilleminot, le spectacle se profile autour du classique triangle amoureux : le mari/la femme/l’amant. Heureusement, par un texte moderne et décalé, Faisons un rêve s’écarte subtilement des rivages bourgeois et conventionnels du théâtre de boulevard de l’époque. Souvent drôles, les jeux de répliques fusent dans cette histoire simple d’adultère au ton enjoué, se profilant sur fond de quiproquo intime, de confidences insolites et d’observations futées. Sans fanfaronnade, les comédiens très pro explorent la carte du verbe guitrien en perpétuelle évolution, serpentant entre insouciance, tendresse et comique des situations. Dans un rôle d’avocat séducteur célibataire réinventant le monde en permanence Kévin Nicolas s’avère particulièrement bluffant ! Un Sacha Guitry à (re)découvrir !

durée : 1 h 20

Faisons un rêve - Théâtre Pixel

Faisons un rêve, de Sacha Guitry
Mise en scène : Morène Guilleminot
Avec Kévin Nicolas, Jeanne Gulbel, Thomas Duchesne et Thierry Guilloizeau

Théâtre Pixel
18, rue Championnet
Paris 18e
les jeudis et samedis à 19 h 30

jusqu’au 30 avril 2015



2 
L’Echange 


L'Echange - Théâtre de l’Opprimé

Oeuvre phare de Paul Claudel (1868-1955), L'Echange (1894) est une pièce à multiples tiroirs avec une tonalité moderne et poétique. Développant des thèmes universels comme la solitude, le cynisme des classes aisées ou la désillusion sentimentale, le sombre huis-clos du diplomate dramaturge, qui met en exergue les contradictions amoureuses et souffrances d’un jeune couple fraîchement débarqué sur le sol américain, fait l’objet au Théâtre de l’Opprimé d’une mise en scène persuasive avec quatre comédiens au jeu spontané. Subtilement, Jean-Christophe Blondel exprime l’interaction problématique au coeur de l’histoire de ces deux couples Marthe/Louis-Laine et Thomas Pollock Nageoire/Lechy Elbernon que tout oppose : condition sociale, âge, valeurs, sentiments… Les premiers, humbles en apparence, défilent sur la scène pieds nus ; les seconds, plus élégants, d’une insolence naturelle, portent symboliquement des chaussures de ville. Sans gommer l’aspect « politique » de classe de la pièce, le spectacle convainc surtout par un ton juste au plus près du verbe claudélien, qui sans jugement s’oriente vers la complexité de chaque personnage, envisagé sans doute à travers ses mots et ses choix dans une dimension la plus large, la plus juste et la plus humaine. Ainsi, quoique de nature immorale, cet « échange » révèle les personnages à eux-mêmes comme dans une sorte de catharsis. Flottant entre euphorie et conscience malheureuse, les personnages de L’Echange semblent tels des fantômes condamnés à errer dans un No man’s land, incarné  par l’expressivité scénique d’un dérisoire pneu-balançoire et d’une caravane isolée.

durée : 2 h 15

L'Echange - Théâtre de l’Opprimé


L’Echange de Paul Claudel
Mise en scène : Jean-Christophe Blondel
Avec Valérie Blanchon (Lechy Elbernon), Pierre-Alain Chapuis (Thomas Pollock Nageoire), Pauline Huruguen (Marthe), Yannik Landrein (Louis-Laine)

Théâtre de l’Opprimé
78, rue du Charolais
Paris 12e
du mercredi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 17 h, relâches les 9 et 10 mars

jusqu’au 15 mars 2015



3 
Début de fin de soirée 


Début de fin de soirée - Théâtre des Variétés 

Dans le registre de la comédie populaire de qualité riche en personnages décalés et en situations loufoques, Début de fin de soirée s’avère tout à fait emblématique. Et les personnages des pièces de Clément Michel [Le Carton (2001), Le Grand Bain (2009), Une semaine pas plus (2011)] ont la même saveur naturellement drôle que ceux de la série des Bronzés ou des Tranches de vie du regretté auteur de bandes dessinées Lauzier. Début de fin de soirée raconte la délirante nuit d’un couple (Félix et Mathilde) venant de recevoir 37 personnes et confronté à l’art de l’incruste d’amis ou inconnus. Propulsée par une mise en scène à la rythmologie plaisante et peuplée de personnages spontanément drôles - Eric, le copain collant, Christelle, l’amie américaine, Bob, le livreur de pizzas -, la pièce tourne efficacement, avec son ton allusif et coloré de bédé satirique, orienté vers le quotidien. Entre scènes de picolage, de déhanchements disco et de dégustation vorace de chips et bonbons, Début de fin de soirée laisse percer avec humour le questionnement de jeunes adultes pris en flagrant délit de désir distractif permanent. Pleine de fantaisie avec un zeste de gravité et truffée de clins d’oeil à la société des loisirs et aux diktats psy, Début de fin de soirée est un spectacle original et bien rodé.

durée : 1 h 15

Début de fin de soirée - Théâtre des Variétés 

Début de fin de soirée de Clément Michel
Mise en scène : Anthony Marty  
Avec Arnaud Cermolacce (Félix), Badr Iffach (Bob), Anthony Marty (Eric), Marion Christmann (Mathilde), Virginie Molina (Christelle).

Théâtre des Variétés
7, boulevard des Variétés
Paris 2e
du jeudi au samedi à 21 h, le dimanche à 17 h

jusqu’au 5 avril 2015



4 
Une femme seule 


© Danica Bijeljac - Une femme seule - La Manufacture des Abbesses


Adaptée d’une pièce de Dario Fo et Franca Rame, connus pour leur univers sarcastique et libertaire - Fo est le dramaturge le plus joué au monde ! -, Une femme seule, mise en scène par Bérénice Collet, fut écrite en 1977. Pour le climat général, Une femme seule lorgne vers un théâtre de l’absurde par la singularité et la drôlerie du texte et vers un théâtre engagé ouvertement féministe par la dénonciation humoristique d’univers machistes. Dans une habile performance, la comédienne Violaine Brébion - en alternance avec Amélie Manet - interprète une femme cloîtrée par un mari jaloux, évoluant dans un univers domestique peuplé de personnages abracadabrants : un obsédé sexuel paralytique, une nouvelle voisine, un créancier irascible, un jeune fou d’amour… Subtilement, dans un savoureux monologue, cette femme simultanément naïve et critique - incarnée par Violaine Brébion - doit affronter cette galerie de doux dingues. Des cris, quelques allusions futées sur la nature humaine ainsi que d’incessants coup de fil donnent un rythme certain à cette pièce courte et tonique. Au final, si l’on met de côté dans cette dénonciation métaphorique quelques aspects datés du texte de Fo - l’image de la femme au foyer dans l’Italie conservatrice de l’après-guerre plus vraiment réaliste ! -, Une femme seule s’avère un spectacle jubilatoire propulsé par un jeu théâtral très convaincant. 

durée : 1 h

© Danica Bijeljac - Une femme seule - La Manufacture des Abbesses

Une femme seule de Dario Fo, Franca Rame et Jacopo Fo
Mise en scène : Bérénice Collet
Avec Violaine Brébion en alternance avec Amélie Manet et Matthieu Tricaud en alternance avec Léo Pochat

La Manufacture des Abbesses
7, rue Véron
Paris 18e
les mercredis, jeudis et samedis à 19 h


jusqu‘au 18 avril 2015





1 commentaire:

  1. Pour "Faisons un rêve" :
    - mise en scène de Morène Guilleminot ET Thierry Guilloizeau
    - Thomas DUCHÊNE
    - Jeanne GUIBAL

    Je conseille cette pièce !

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