Mis en scène par René Féret [Promenades d’été (1992), Nannerl, la sœur de Mozart (2010)] et inspiré par la vie du célèbre auteur de La Mouette, Anton Tchekhov 1890 brosse le portrait intime d’un homme exceptionnel à la fois médecin, observateur humaniste et homme de lettres.
La courte existence d’Anton Tchekhov (1860-1904) - et en particulier le début des années 1890 - nous est relatée en une succession de tableaux cinématographiques plongeant le spectateur à la fois dans la Russie provinciale de la petite bourgeoisie et dans les milieux littéraires huppés de Saint-Pétersbourg. Au-delà de sa forme historique aux contours relativement classiques et prévisibles, le long métrage de René Féret propose une intéressante vision de l’homme Tchekhov à travers son double cheminement : d’un côté le modeste médecin de campagne absorbé par ses patients et accaparé par une famille très soudée avec comme toile de fond la tuberculose et donc la mort ; de l’autre, l’infatigable créateur d’univers (récits, nouvelles, pièces) devenu par sa modernité en quelques mois le nouvel écrivain à la mode que les salons littéraires s’arrachent.
Anton Tchekhov 1890
Judicieusement, par une forme attrayante presque « picturale », l’option de la simplicité narrative et le choix de descriptions légères n’excluant cependant pas la gravité, Anton Tchekhov 1890 suggère délicatement autant les tensions propres à l’écrivain naturaliste russe - dues (en partie) à cette fulgurante notoriété - que la profonde part autobiographique qu’il a laissée dans ses écrits. En outre, de nombreuses scènes courtes et faussement anodines parcourent cet Anton Tchekhov 1890, créant un climat léger et familier : l’amusante rencontre avec Tolstoï, sorte d’ogre littéraire anar, l’amical sermonnage de l’enfant fumeur dans le cabinet de médecin, un simple repas partagé par Tchekhov dans une famille de Sakhaline…. Sans pesanteur ni historicité appuyée, cet Anton Tchekhov 1890 propose là un bel hommage à l’univers tchékhovien, fidèle à la fois à sa langue drôle et dépouillée et à la fascination de l’écrivain pour les petites « grandes » affaires du quotidien. Imprégné d’un esthétisme discret et par les émotions sous-jacentes peuplant l’œuvre, cet Anton Tchekhov 1890 renouvelle notre regard sur la forte personnalité de l’auteur de La Cerisaie.
Anton Tchekhov 1890
durée : 1 h 35
Anton Tchekhov 1890, un film de René Féret, France, 2015
Avec Nicolas Giraud (Anton Tchekhov), Macha Tchekhov (Lolita Chammah), Robinson Stévenin (Kolia Tchekhov), Jacques Bonnafé (Souvorine), Jenna Thiam (Lika)
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