lundi 1 septembre 2014

Hippocrate




Second long métrage de Thomas Lilti [Les yeux bandés, 2008], Hippocrate évoque la vie dans un hôpital à travers le regard humain et critique d’un jeune interne (Benjamin) [Vincent Lacoste] découvrant le fonctionnement au quotidien d’une équipe médicale. Surfant entre document social, comédie médicale et drame réaliste, Hippocrate est un curieux film, très persuasif, qui propose une réflexion pertinente sur l’institution de santé.

A travers le parcours en zigzag des personnages de Benjamin - un stagiaire débutant dans le service hospitalier de son père - et d’Abdel - un médecin expatrié devenu interne -, le réalisateur nous suggère toutes les difficultés auxquelles peut être confronté un établissement de soins d’aujourd’hui : l’accompagnement des malades en fin de vie, l’urgence des situations, le manque de lits, la solitude du personnel ou les frictions hiérarchiques.

Hippocrate

Dans Hippocrate, l’on sent que Thomas Lilti connaît parfaitement son sujet. [Parallèlement à une carrière de réalisateur et de scénariste, il pratique toujours son métier de médecin généraliste.] Sous une forme cinématographique originale, éloignée des plans stéréotypés des séries médicales style Dr House, Hippocrate renouvelle le regard sur le fonctionnement du milieu hospitalier, décrivant sa riche
diversité : médecin, aide-soignant, réanimateur, infirmière, chef de service… Il en résulte une chorégraphie sociale vivante à la fois intime, paillarde, drôle et tragique. Hippocrate défile un peu comme une succession de tableaux, laissant découvrir au spectateur sous un angle à fois intime, esthétique et réaliste le mode de vie des internes. Proposant une image léchée, le metteur en scène s’attarde donc sur les repas collectifs, les fêtes, les chambres des aides-soignants tout en soulignant le lien privilégié - du moins celui de Benjamin et d’Abdel - avec les malades ainsi que les multiples interactions du personnel.

Hippocrate

 Ainsi, la vie dans un hôpital y apparaît dans toute sa « singulière » simplicité. (La participation de soignants et d’infirmiers jouant leur propre rôle renforce d’ailleurs ce sentiment de proximité avec l’institution.) En outre, si le film s’ouvre largement aux problèmes actuels des services de santé (manque de matériel, d’effectifs, déprime larvée, appauvrissement des services), il échappe heureusement au risque de film social, privilégiant l’aspect humain de l’hôpital. Les acteurs convainc sans pathos. En particulier, Vincent Lacoste et Reda Kateb apportent une belle touche émotionnelle au film. Lilti décrit les tentatives de Benjamin et Abdel  pour soulager les souffrances des patients - Mme Richard et « Tsunami » - ainsi que leur opposition à certains principes de leur hiérarchie, soulignant ainsi leur courage et leur situation de fragilité. Oscilllant constamment entre comédie et drame, Hippocrate, film humaniste sans gentils ni méchants nous interroge crucialement sur le sens de la responsabilité individuelle, sur la solitude qui enveloppe les choix thérapeutiques, sur la grandeur et les vulnérabilités du pouvoir médical et de ses serviteurs.

durée : 1 h 40


Hippocrate


Hippocrate, un film de Thomas Lilti, France, 2014
Avec Vincent Lacoste (Benjamin), Reda Kateb (Abdel),  Jacques Gamblin (Barois), Marianne Denicourt (Denormandy)



Hippocrate

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