lundi 21 octobre 2013

Salvo




Premier long-métrage de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, Salvo plonge d’emblée le spectateur dans l’ univers cruel et granitique de la mafia sicilienne en région palermitaine. D’abord, Salvo intrigue par sa forme stylistique : il débute comme un film de série noire avec une longue scène de poursuite, genre  Le Samouraï. Puis, en une progression subtile, Salvo nous oriente vers un espace cinématographique métaphysique aux rares dialogues. Inspiré de Rita, un court-métrage des deux réalisateurs italiens, Salvo relate l’histoire d’un petit mafieux, qui après avoir échappé à une tentative d’assassinat s’introduit dans une maison pour éliminer un homme d’une bande rivale. La sœur (Rita) de ce dernier, une jeune fille aveugle qui a assisté au meurtre, est épargnée. S’opposant aux règles de la Pieuvre, Salvo, qui lui laisse la vie sauve, la déplace dans un endroit isolé. Film angoissant au rythme lent, Salvo suggère par la force de l’image la solitude et le délabrement mental d’un tueur, confronté aux codes rigides de Cosa Nostra et au risque d’ être démasqué par ce témoin compromettant. Le fil narratif du film ne nous apprend presque rien sur le sinistre mafieux.

Salvo

Presque documentaire, l’image nous montre simplement Salvo se faufilant tel un lézard dans les ruelles chaudes et embouteillées de Palerme ou se rendant furtivement aux réunions de la mafia. Cependant, sans pour autant l’humaniser, Grassadonia et Piazza s’attachent à montrer son lieu d’habitation. Salvio habite une pension tenue par un duo craintif (Randisi et Mimma Puleo), et Salvo aime leur chien (!). Quant à la relation entre Rita et Salvo, elle reste vague, comme si la (relative) cécité physique de la première créait un lien indéfectible avec la cécité morale du second. Dans ce film à l’atmosphère plombée d’une poésie âpre et noire (usine abandonnée, paysages, ruelles), l’on sent pleinement la motivation des réalisateurs pour approcher l’espace mental si particulier d’un tueur. En cela, le regard distancié - assez convaincant - sur le personnage de Salvo rejoint celui d’un Scorcese ou d’un Cimino sur la longue cohorte de petits mafieux, sans attaches et perpétuellement aux aguets. 
Salvo est un film bien étrange !

Salvo



durée : 1 h 50

Salvo, un film de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, Italie / France, VOSTF - 2013

 Avec Saleh Bakri (Salvo), Sara Serraiocco (Rita), Mario Pupella (Randisi), Giudittra Perriera (Mimma Puleo)


Salvo


Salvo






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