lundi 2 septembre 2013

Magic Magic





Oeuvre de Sebastian Silva [Les vieux chats], réalisateur d’origine chilienne, Magic Magic est un film des plus singuliers. Flirtant à la fois sur un climat entre chien et loup à la Polanski et des codes esthétiques de films d’horreur, Silva - qui revendique pour ce long métrage l’influence de Le Locataire et Rosemary’s Baby - nous embarque dans une angoissante histoire nourrie d’un expressionnisme crépusculaire.
Une jeune Américaine (Alicia) part en vacances avec sa cousine (Sara) et une bande d’amis sur une île déserte, perdue dans une nature sauvage. (Magic Magic a été entièrement tourné au sud du Chili dans une zone composée de vastes étendues d’eau bleutée, parsemée de petites îles.) Elle se replie de plus en plus, adoptant un comportement bizarre. Alicia est-elle déprimée ? phobique ? schizophrène ? Tout imprégné de noirceur psychologique, Magic Magic instaure progressivement un oppressant climat à la limite du surnaturel. Comme dans l’univers du réalisateur de Répulsion, peu d’informations filtrent sur personnages et situations. L’image est léchée, presque gothique (mer, île, tête d’animaux, maison cossue).

Magic Magic

 Friande en plans flous, cette image nous suggère l’état d’âme fantasque d’Alicia, plongée dans le désarroi par le brusque départ de sa cousine pour le continent. Magic Magic propulse son personnage désemparé dans une pure souffrance métaphysique, en une version « cruauté adolescente ». L’inquiétant Brink s’y profile comme le personnage harceleur et maléfique, qui adopte symboliquement Alicia comme victime sacrificielle. La plongée d’Alicia dans un univers de folie se précise de façon spectaculaire avec la séance d’hypnose d’Agustin,  autre gars du clan. Plus subtilement, au-delà de l’atmosphère parfois hystérique qui enveloppe le film semble se profiler une interrogation sur la cruauté morale de l’adolescence à travers cette bande de jeunes en vacances. Avec un lyrisme rappelant L’Exorciste de William Friedkin, la dernière partie du film s’achève sur fond de possession et de chamans mapuches. Au-delà d’un scénario quelque peu alambiqué et de ses outrances cinématographiques, Magic Magic se profile comme un film intéressant, propulsé par un climat fort et mystérieux.

durée : 1 h 35

Magic Magic

Magic Magic, un film de Sebastian Silva, USA, 2013
Avec Juno Temple (Alicia), Michael Cera (Brink), Emily Browning (Sara), 
Catalina Sandino  Moreno (Barbara), Agustin Silva (Agustin)



Magic Magic


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