lundi 24 juin 2013

Nari Ward au château de Blandy-les-Tours




château de Blandy-les-Tours

Nari Ward

Invité du Blandy Art Tour(s), qui convie chaque année un artiste international à dialoguer avec l’architecture médiévale du château, Nari Ward, New-Yorkais d’origine jamaïcaine, dévoile ses installations monumentales à l’intérieur et dans la cour du château.
Il y présente une douzaine d’œuvres nouvelles. Maître de l’assemblage, cet artiste multiface puise son inspiration en milieu urbain, récupérant des objets abandonnés - pneus, parachutes, tissus, lacets, planches… - auxquels il offre un sens nouveau, souvent inattendu. Fruit d’une rencontre originale entre un artiste moderne et un haut lieu du patrimoine, l’expo Origin of Good(s) [origine du bien – origine des marchandises] nous propulse d’emblée dans un espace ludique, délimité par la dérision, le questionnement philosophique et la problématique sociale. Nous sommes conviés à une rencontre symbolique entre Nari Ward - qui a choisi minutieusement, pour ses installations, les salles - et un rare édifice d’architecture militaire médiévale en Ile-de-France. Comme dans un fabuleux décor de théâtre, Ward investit les entrailles du château fort et plante ses banderilles sculpturales sous les voûtes froides, créant un dialogue aussi savoureux qu’énigmatique sur des thèmes plutôt graves.

Nari Ward 
CarouSoul, 2011. Pneus, corde, bouts et languettes de chaussures, lacets
Dimensions variables. Photo Francesca Spanò
 Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin, Lehmann Maupin Gallery


Nari Ward
Stallers, 2013. Fer à béton, béton, hamacs
235 x 140 x 80 cm chaque élément. Photo Flavie Rauscher
 Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin

 Réalisant principalement des sculptures et des installations, le New-Yorkais, pour Blandy, aborde ses thématiques privilégiées comme la mémoire, l’immigration, la pauvreté ou le consumérisme. Chacun peut interpréter les créations de Ward. Elles enveloppent généralement le visiteur d’un climat de mélancolie diffuse et de réalité sociale bouffonne. Les éléments - cordes, lacets, chaussures, boîtes, bouteilles colorées… - composant ces installations peuvent paraître saugrenus. Mais ils sont chargés d’émotion par leur identité même, disparate. Une des créations de Ward est intitulée « CarouSoul » [Carrousel des âmes] (2011). Elle donne bien le ton général de l’expo Origin of Good(s) : des pneus en suspension, garnis de morceaux de chaussures, transformés en balançoires. Ward cultive à l’envi ce côté visuel inquiétant, qui semble culminer dans ses superbes et sombres dominos en forme de cercueil et dans l’installation « Drawbridge » [pont-levis en anglais] (2013). Cette dernière - astucieusement placée dans la salle basse du donjon - est une machine construite à partir d’éléments récupérés. Ornée de multiples tiroirs, dans un style très Big Brother, elle revêt sur un mode fantasque les formes des dispositifs de sécurité dans les aéroports au moment du contrôle des bagages.


Nari Ward
Offspring, 2013.Toile, bambou, savon, os, cheveux, carafe en verre, bassin de cuivre.
224 x 42 cm. Photo Francesca Spanò

 Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin


Nari Ward
Drawbridge, 2013. Bois, façades de tiroirs, caoutchouc, chaînes, velours
220 x 350 x 190 cm. Photo Flavie Rauscher
Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin


Par leur volumétrie et leur emplacement, tous ces assemblages laissent sur une impression d’incongruité savante. Mais le sentiment dominant reste celui d’un mouvement contrarié, comme si l’histoire, le temps et la société fossilisaient définitivement la nature humaine anonyme et souffrante, incarnée à travers tous ces objets intimes. Les nombreuses poussettes [Stallers] (2013)  exposées confirment cette impression d’immobilité forcée : colorées et accueillantes (avec hamac) mais désespérément lourdes et géantes. Toutes ces installations semblent surfer entre allusion sociale et stylisation humoristique. Nari Ward est un singulier artiste. Dans l’espace flottant de ce château, il nous chuchote à l’oreille des histoires de monde de tous les jours.


« Mon travail est un mélange d’optimisme provocant, d’ambitions futiles et de solutions inventées en utilisant des références interculturelles, des codes de réglementation, des souvenirs personnels et le hasard. »


Nari Ward





Nari Ward
Bell Portraits, 2013. Photographies numériques contrecollées sur Dibond, cloche de comptoir, métal

Dimensions variables. Photo Francesca Spanò
 Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin




Nari Ward
Roam Rise, 2012. Techniques mixtes.
250 x 80 x 110 cm. Photo Francesca Spanò
 Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin

Expo Nari Ward
Origin of Good(s)

[origine du bien – origine des marchandises]
Château de Blandy-les-Tours


du 22 juin au 27 octobre 2013


Le château est ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h





A signaler : 

l
es Dimanches de Blandy : tous les dimanches pendant l’été, spectacles et concerts (gratuits) dans l’enceinte du château


Accès Blandy : navette châteauxbus
gare de Melun : navette pour châteaux de Vaux-le-Vicomte  et Blandy (en moins de 20 mn)
du 6 avril au 11 novembre tous les samedis, dimanches et jours fériés


A voir aux alentours de Blandy-les-Tours :

Collégiale Saint-Martin de Champeaux (à 2 km)
Château de Vaux-le-Vicomte
Musée de la SNECMA à Moissy-Cramayel
Château de Fontainebleau
Musée départemental Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine
Barbizon, le village des peintres
Maison-atelier Théodore Rousseau



Nari Ward

Untold (détail), 2013
Bouteilles, métal, câble. Photo Rémi Lavalle
 Courtesy GALLERIA CONTINUA, San Gimignano / Beijing / Le Moulin

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