lundi 4 février 2013

Expo Linder, Femme/Objet


Linder, The paradise experiments : boudoir V, 2006
Collage Linder
 © Linder

Linder, Sans titre, 1977
Photomontage sur carte
 © Linder


Artiste éclectique - mode, musique, arts plastiques - Linder Sterling dite Linder, née à Liverpool en 1954, est célèbre depuis trois décennies pour ses photomontages exprimant une vision à la fois acerbe et humoristique de la femme objet. Le MAM lui consacre une rétrospective (environ 200 œuvres), présentant un large choix de vidéos, de performances, de costumes, de photographies et bien sûr  ses collages.
Le photomontage n’a rien de nouveau. Dada, Man Ray, Picasso ou Hannah Höch ont su astucieusement exploité ce mode d’expression artistique simple (en apparence), ludique et efficace, résolument médiatique, car « parlant ». Pourtant, au fil du XXe siècle ce procédé technique, si cher aux avant-gardes, a pu apparaître lassant par la banalité même du propos des artistes [au mieux, critique gentillette de la culture de masse ; au pire, voyeurisme ringard]. Certainement, l’expo Linder Femme/Objet va relancer la curiosité du public pour le photomontage - exercice trop souvent puéril et surfait. En effet, cette artiste britannique surfe avec talent entre pop art, esprit dadaïste, iconographie high-tech et climat surréaliste.


Linder, Sans titre, 1977
collage © Linder 


Linder, Sans titre, 1979
Collage sur papier © Linder 



Inspirés par divers magazines - mode, romance, automobile, bricolage, arts ménagers ou pornographie -, ses photomontages sont peuplés de corps féminins ornés d’objets hétéroclites tels que poste de télévision,  hachoir à viande, aspirateur, fer à repasser…  Egalement, les créations de Linder sont  parsemées d’énigmatiques représentations florales et animales ou de gâteaux crémeux typiquement anglais.  L’univers de la « photomonteuse », explicite mais sans vulgarité, se profile plutôt contestataire et humoristique. Selon  les mots de Fabrice Hergott, elle souhaite « rompre l’image idéale de la femme en faisant  le portrait de son aliénation ». Le  climat, très érotisé et urbain, s’imprègne de références publicitaires, comme dans  les   Boîtes lumineuses que le visiteur peut découvrir. Ces récentes œuvres, abritées par d’immenses panneaux rétro-éclairés très suggestifs et aux couleurs opportunément criardes,  semblent exprimer la révolte de la plasticienne  face à l’indifférenciation et à la commercialisation de l’image féminine. Sans être révolutionnaire, l’œuvre de Linder se profile néanmoins percutante. Cette rétrospective permettra au visiteur de connaître le travail  d’une artiste d’autant plus intéressante  qu’elle semble inscrire son oeuvre entre réalisme social  et fantasmagorie surréaliste.



Expo Linder, Femme/Objet
Musée d'Art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président Wilson
Paris 16e
Tous les jours (sauf lundis et jours fériés) : 10 h-18 h, nocturne le jeudi jusqu'à 22 h


du 1er février au 21 avril 2013


Linder, Sans titre, 1978
Photomontage
© Linder 



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