lundi 28 janvier 2013

Jack l’éventreur



Inspiré d’une série d’articles - parus dans le journal populaire Paris Matinal - du poète surréaliste Robert Desnos (1900-1945), Jack l’éventreur entraîne d’emblée vers le climat nébuleux du plus célèbre – et méconnu - assassin d’Angleterre. Mis en scène par Vincent Poirier, le spectacle - comptant un comédien (le narrateur et Jack), une danseuse (témoin emblématique des meurtres) et un musicien (le violoncelliste) - se profile comme une évocation minutieuse des crimes de Jack The Ripper.
Nourri par le texte de Desnos - qui grâce à une mystérieuse rencontre (?) à Paris aurait eu de la part d’un prétendu ami de Jack l’éventreur des infos inédites (?) sur le cinglé de Whitechapel -  Jack l’éventreur nous détaille par un sanglant menu l'histoire  fatale liant le tueur à ces prostituées :  le moment et le lieu de l’agression,  le découpage méthodique des corps, les rapports de la police ou encore le témoignage effrayé du voisinage. Egalement, le caractère des victimes, le climat brumeux de Londres et les habitudes casanières de leurs habitants sont évoqués sur un ton froid, dans lequel  perce une fascination  toute morbide, rappelant celle de Thomas de Quincey  dans De l’assassinat comme l’un des beaux-arts.

Jack l'éventreur - crédit photo : Robert Lebarbler

 Fidèle au texte de l'auteur de Corps et biens, cette création théâtrale cherche sans doute à exprimer   le mélange d'effroi (les corps découpés) et l'attirance morbide pour le personnage de Jack, décrit  comme un lord qui aborde ses futures victimes avec des manières raffinées.  Certes, un fort climat  imprègne la pièce, mais la plupart du temps la mise en scène semble recourir à des effets peu convaincants :  circonvolutions de pantin (la danseuse),  musique   inexpressive et lugubre (le violoncelle),  mode narratif platement naturaliste (énumération laborieuse des meurtres). En outre, le contestable  choix esthétique  d’absence de  lumière   paraît davantage inviter le spectateur à l'ennui qu'à le rapprocher du mystère entourant l'histoire de  Jack l’éventreur. Au final, cette création théâtrale  paraît  quelque peu datée, trop imprégnée de ce style poético-morbide, friand à la fois de métaphores sexuelles et de clichés carton-pâte véhiculés selon les périodes  par la littérature gothique, les romans-feuilletons du XIXe siècle, les séries B  ou l’heroic fantasy (fantastique médiéval).  Dès lors cette trop grande prévisibilité  nuit  au charme du spectacle !


durée : 1 h 10

Jack l’éventreur, de Robert Desnos
Mise en scène : Vincent Poirier

Le Lucernaire (salle le Paradis)
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Paris 6e
du mardi au samedi à 21 h

du 23 janvier au 16 mars 2013





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