lundi 17 septembre 2012

Expo Intérieurs romantiques Aquarelles 1820-1890



Genre pictural jugé longtemps mineur, la « vue d’intérieur », fort prisée par la haute bourgeoisie montante, connaît son apogée au XIXe siècle. L’expo Intérieurs romantiques Aquarelles 1820-1890 présente près de 90 vues de demeures de la collection Eugene V. Thaw, offerte en 2007 au Cooper-Hewitt, National Design Museum de New York.
Toutes ces aquarelles nous familiarisent avec l’art décoratif occidental du XIXe siècle (souvent décrié), mais aussi  proposent un voyage intime à l’intérieur de ces grandes demeures ruisselantes de richesse et d’art. D'emblée, cette expo,  centrée sur un siècle artistique par excellence « bourgeois », peut laisser le visiteur sur une impression dubitative. En effet, la beauté - ou le charme - de l'intérieur des demeures reproduites sur les aquarelles ne frappe pas spontanément. Engluées entre style rococo, néogothique ou classicisme tardif,   avec un mobilier souvent surchargé et des décorations pompeuses, ces demeures ne semblent pas forcément en phase avec l’art le plus subtil.  Cette nouvelle bourgeoisie industrielle crée ses propres connivences avec l’art, affichant son aisance et sa notoriété de façon parfois caricaturale. (Les  propriétaires de ces demeures offrent volontiers ces aquarelles - symbole de  leur réussite - à leurs amis et relations d’affaires.)


(1) C. Rath (Autriche probablement, actif dans les années 1870), Alcôve dans le salon de la grande duchesse Anna de Mecklenburg-Schwerin, 1877, © Cooper-Hewitt, National Design Museum, Smithsonian, photo Matt Flynn

(2) L. Rossi (actif en Allemagne et en France, vers 1850, La réunion musicale, vers 1850  © Cooper-Hewitt, National Design Museum, Smithsonian, photo Matt Flynn

 Dans le roman la Curée, Zola raille l'intérieur d'une de ces maisons. L’expo Intérieurs romantiques Aquarelles 1820-1890 met particulièrement en valeur cette fascinante « territorialité » de la demeure bourgeoise, compartimentée en multiples lieux fonctionnels : boudoir, fumoir, grand salon, chambre à coucher, bibliothèque, cabinet de travail, salon de musique, jardin d’hiver…  Le juron des couleurs et la disposition des pièces (1) intrigue.  Certains  détails apparaissent insolites comme ce chien (2) au pied d’une harpe. Parfois, le décor semi-surréaliste fait sourire comme cet orgue et ces transats (3) figurant dans une autre aquarelle. Ces vues d’intérieurs ont également l’intérêt de nous renseigner sur la diversité des sensibilités et des modes décoratives au sein de cette Europe (raffinement excentrique anglais, élégance française un peu kitch, austérité allemande). 
L’expo Intérieurs romantiques Aquarelles  1820-1890 nous renseigne à la fois sur l'art du XIXe siècle et les mentalités de l'époque.

Expo Intérieurs romantiques Aquarelles 1820-1890 – Cooper-Hewitt Museum, New York, Donation Eugene V. Thaw
Musée de la Vie romantique
Hôtel Scheffer-Renan
16, rue Chaptal
Paris 9e
Ouvert tous les jours, de 10 h à 18 h, sauf les lundis et jours fériés



du 10 septembre 2012 au 13 janvier 2013


(3) Henry Robert Robertson (Angleterre 1839-1921), Intérieur de Hall Place à Leigh, près de Tonbridge, Kent, 1879  © Cooper-Hewitt, National Design Museum, Smithsonian, photo Matt Flynn 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire