lundi 19 décembre 2011

24 heures de la vie d'une femme



Issue d'une nouvelle de l'écrivain autrichien Stefan Zweig (1881-1942), publiée en 1927, 24 heures de la vie d’une femme se profile comme une courte pièce parfaitement rodée au parfum un peu désuet.
Les thèmes évoqués - le plaisir, la honte, le conflit entre passion individuelle et société malveillante ou encore la folie du jeu - très dostoïevskienne semblent particulièrement typés XIXe siècle. Stefan Zweig n’est pas n’importe qui.Outre ses talents de biographe et d’essayiste, ses nouvelles frappent encore aujourd’hui par leur sincère anticonformisme et un sens aigu psychologique. 24 heures de la vie d’une femme nous narre une journée mouvementée, ou la curieuse rencontre d’un jeune homme désargenté et suicidaire avec une riche veuve anglaise de 40 ans (Mrs. C). « C’est une confession ! », nous avertit dès le début de la pièce Mrs. C, interprétée par la convaincante Laure Meurisse. Tout au cours de cette confession mondaine, émouvante ou comique (ou les trois à la fois), un habile jeu de lumières balaie le visage poupon de poupée russe de la dame anglaise d’un certain âge comme pour en signaler l’énigme.

l'énigmatique Mrs. C (Laure Meurisse) 
 24 heures de la vie d’une femme 

Inlassablement, cette Mrs. C nous conte par le menu le récit halluciné de cette folle journée, qui dévore son esprit depuis une décennie : le banal séjour dans la petite pension de la Riviera, la rencontre avec le jeune homme au casino, la fascination subite pour ses mains de joueur, le fiacre sous la pluie, le partage d’une chambre d’hôtel avec le jeune homme, le déjeuner le lendemain, la visite impromptue d’une église, le rendez-vous manqué à la gare… Autour d’une scénographie sobre mais tout empreinte de mystère, Mrs. C, incantatoire, s’adresse au public, flottant dans sa robe d’encre comme le derviche tourneur, cherchant comme l’ivrogne perdue dans une assemblée de camelots à communiquer un sens à son histoire aussi banale qu’absurdement extraordinaire. Quant à Mona Lou, au jeu subtil tout en détachement et savamment neuneu, elle interprète de façon frappante la servante violoncelliste. Cette adaptation de 24 heures de la vie d’une femme est vraiment à voir. Et Laure Meurisse, sur la petite scène de l’Essaion, offre là un bien tonique hommage au texte de Stefan Zweig.


Mrs. C (Laure Meurisse) et la servante (Mona Lou)
 24 heures de la vie d’une femme 


durée : 1 h 10

du 12 septembre 2011 au 13 mars 2012
Les lundis et mardis à 20 h

24 heures de la vie d’une femme d’après Stefan Zweig
Mise en scène : Freddy Viau
Avec Laure Meurisse et Mona Lou

Théâtre Essaïon
 6, rue Pierre-au-Lard
 75004 Paris

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