
Digne fil de Keith Emerson et de Jon Lord, Dereck Sherinian y exprime là une belle créativité, puisant dans divers styles et propulsant une musique des plus mélodiques dans un climat le plus souvent jazz rock. Après son départ de Dream Theater en 1999, le claviériste américain d'origine arménienne a multiplié les projets, proposant une oeuvre foisonnante, parfois inégale mais toujours intéressante. Dans la même veine instrumentale, après Black Utopia (2003) et The Phoenix (2020), Sherinian sur Vortex continue ce travail novateur. Titre fusion caractéristique, « Scorpion » lorgne subtilement entre des climats jazzy et classiques, quelque part entre Keith Emerson et Chick Corea. Sherinian y joue de son instrument de prédilection (le piano), propulsant ses touches rapides et mélodiques entre la batterie impérieuse de Simon Phillips et la basse pulsative de Tony Franklin.
Dereck Sherinian
L'on retrouve la même habile section rythmique sur le groovy « Key Lime Blues ». Et l''on peut y entendre un flamboyant duel claviers/guitare où Sherinian s'illustre avec un entêtant riff au clavinet style « Superstition » (Stevie Wonder) qui répond en écho aux pêchues réverbérations bluesy de guitare de Bonamassa rappelant celles de Steve Morse sur l'entraînant CD Stressfest (1996). Quant à « Vortex » avec ses déferlantes de guitare solo et ses vagues yessiennes de synthés, c'est un morceau tonique zigzaguant entre heavy metal et rock symphonique, rappelant le style de Dream Theater. L'on signalera « Die Kobra » pour ses climats jazz et Synthy wave ainsi que « No mad's land » pour son atmosphère orientaliste. Enfin, l'on mentionnera « Aurora Australis » (11 minutes), titre épique au croisement du jazz, du metal et du progressif.
Avec ses plages émotives à la Debussy/Ravel, ses réminiscences deepurpeliennes ( l'orgue Hammond si caractéristique de Jon Lord et autres Gary Brooker !) et ses envolées fantasques prog/metal c'est sans doute le morceau le plus étrange de Vortex. Au final, Vortex se profile un opus très alerte, porté par des compositions variées aux rythmiques souvent prenantes. Et sans doute en live il prendra une ampleur supplémentaire. A propos de Vortex le musicien déclarait récemment : « Vortex est une continuation de The Phoenix. Cependant, j’ai l’impression que la composition est plus forte sur le nouvel album, et je le décrirais comme un disque de fusion moderne de style années 70, mais avec une nouvelle tonalité plus lourde.»
Vortex, Dereck Sherinian, label Inside Out, USA, 2022
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