Originaire de Montpellier, la formation De Stijl sort un nouvel opus (le 5e) intitulé Debut. Mélodique et pulsatif, ce disque - enregistré à Manchester - évolue vers des contours cold wave enrichis d’atmosphères électro-pop.
Contrairement à ce que peut évoquer son nom, faisant référence au célèbre mouvement artistique néerlandais qui bouleversa l’art moderne entre 1917 et 1928 avec des personnalités comme Piet Mondrian ou Théo Van Doesburg, De Stijl est un groupe français, qui a fait le choix de chanter en anglais. Il a été fondé en 1995 par Pascal DeStijl - de son vrai nom Pascal Portugues -, le principal compositeur du groupe. Réuni autour de Fred Vernay (chant), Pat Roberts (guitares), Eric Manchon (batterie, guitare) et Pascal DeStijl (claviers), DeStijl est un groupe intéressant et novateur, proposant une musique à la fois nerveuse et chamarrée. Elle enveloppe l’auditeur dans un climat très eighties sur fond de cold wave/post punk, le tout enrobé de sonorités grosse. Pour ses sonorités très basses et la noirceur des textes, le groupe rappelle parfois Joy Division. (On pouvait d’ailleurs entendre sur le précédent opus les lignes de basse de Peter Hook (Joy Division, New Order). La grande trouvaille du groupe sur Debut est d’avoir su plaquer des sonorités dansantes (voire jungle) sur des rythmiques d’airain « cold à souhait » et d’avoir choisi pour contrebalancer le côté industriel voire glacial de sa musique un chanteur au timbre clair et doux. Excellent, le 1er titre « Out of Range » ouvre le disque. On peut y entendre un redoutable crescendo basse/guitare/percussions dans lequel se greffent claviers et cuivres mélodiques ainsi que des chœurs furtifs.
DeStijl live
Astucieusement, DeStijl mélange climat New Wave (style Depeche Mode/The Cure) et pop rock mélodique sur le morceau « Anhedonia junior » écartelé entre basse d’airain, synthés légers et batterie survitaminée. (Au passage l’on signalera sur Debut la qualité des backing vocals, ceux de Monica Ward et de Louise Turner (Elbow), artistes de Manchester.) Les sonorités sur Debut sonnent très eighties : « That Awkward Moment » a un parfum à la Talking Heads ; « Ace of Spades » rappelle un peu du U2. Quant aux parties instrumentales de claviers sur le titre « Chill Pill », elles ne sont finalement pas très éloignées de celles de « Ashes to Ashes » de David Bowie. « Machete Rules » et « Too Late » sont d'autres titres intéressants. Ce dernier est une ballade mélodique, propulsée par des guitares frémissantes à la The Cure et un chant délicat. « Death as an Option » est un des morceaux les plus insolites, évoluant sur fond d’implacable cold wave, de rythmique baroque et de parties vocales inspirées. « In your Memory » clôt l’opus en toute beauté, mixant poésie noire et modernité instrumentale. Divers climats traversent ce morceau psychédélique et space. On peut y entendre une rythmique glaciale, des guitare solaires, des claviers légers et des chœur furtifs avec un chant discret et funèbre (I will sing by your grave/Something nice and sweet/Alittle song for kids/Or an old complaint from slaves.) Une forte ambiance se dégage de cette chanson, rappelant un peu par son côté lyrique et désespéré de vieilles lunes géniales comme Lou Reed, Randy California (Spirit) ou The Doors. Par la qualité d'ensemble des arrangements, par la variété des styles représentés ainsi que par le haut niveau d’énergie rock Debut se profile déjà un des disques les plus aboutis et attrayants de cette année 2018.
DeStijl, Debut, France, Modulor, 2018
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