lundi 10 octobre 2016

La plume et le pinceau - L’empreinte de la peinture sur le roman au XIXe siècle



Dans La plume et le pinceau - L’empreinte de la peinture sur le roman au XIXe siècle, Anka Muhlstein évoque l’union intime de la peinture et de la littérature à travers les grands romanciers du XIXe siècle et du début du XXe siècle.


Les personnages de peintres ou les allusions à des artistes connus ou confidentiels abondent chez des écrivains comme Balzac, Huysmans, Maupassant, Zola ou Proust. Dans cet intéressant essai de vulgarisation l’historienne et biographe Anka Muhlstein s’attache à décrire ce phénomène typiquement français, qui révèle, entre autres, la fascination première de ces auteurs pour les artistes. L’ouvrage replace ce phénomène dans le cadre de la démocratisation au cours du XIXe siècle du musée, désormais lieu accessible à tous, à la fois encombré de copistes et source d’inspiration littéraire.

Edouard Manet, Emile Zola (musée d'orsay)

Truffé de commentaires et de courts extraits d’œuvres significatives, Muhlstein nous dessine cette histoire méconnue, rappelant à la fois les goûts picturaux et les secrètes obsessions de nos plus grands auteurs. Ainsi l’on apprend que pour décrire ses personnages de jeunes filles Balzac se référait constamment au délicat Raphaël ; et pour ses vieillards, à l’illustre Rembrandt. Quant à Zola, qui depuis son enfance vécut au milieu de peintres, il apprit précocement selon le mot de Muhlstein « à regarder en peintre ». Le portrait de l’auteur de L’Assommoir fut d’ailleurs immortalisé par des amis peintres, comme Cézanne, Bazille ou Fantin-Latour. Huysmans était le descendant, par son père, d’une lignée d’artistes peintres hollandais. 

Gustave Moreau, L'Apparition (musée Gustave-Moreau)

Il écrivit de nombreuses chroniques d’art qui firent l’objet de la publication de deux recueils : l’Art moderne (1883) et Certains (1889). Egalement, La plume et le pinceau nous rappelle l’attirance de Maupassant pour la lumière impressionniste qu’il cherche à retranscrire dans ses écrits. Quant à Proust, il privilégie dans ses romans la peinture classique. Il est davantage attiré par la vision qu’elle peut offrir que par la technique. Dans sa conclusion (page 200), l’auteure précise : Stéphane Mallarmé, Octave Mirbeau et Emile Zola signèrent des préfaces respectivement pour Berthe Morisot, Pissaro et Monet, et Marcellin Desboutin, un graveur de grand talent qui avait posé pour l’homme dans L’Absinthe de Degas. 

Anka Muhlstein, La plume et le pinceau - L’empreinte de la peinture sur le roman au XIXe siècle, éditions Odile Jacob, 214 pages, 2016

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