lundi 11 janvier 2016

Marcel Leborgne, un moderniste belge

Villa Dirickz (1933) à Rhode-Saint-Genèse

ll s'agit plus d'un palais que d'une villa pour ce bâtiment, fort influencé par Le Corbusier pour la façade côté rue, et d'un style plus Art Déco/paquebot pour la façade arrière.

Pris dans la mouvance de diverses influences (Robert Mallet Stevens, Le Corbusier, le courant néerlandais De Stijl), Marcel Leborgne (1898-1978) est un  architecte de tendance moderniste progressiste. En Belgique, on lui doit  la construction de nombreux édifices, immeubles d’habitation et villas caractéristiques (notamment à Charleroi) qui ont assis sa réputation d’ambitieux moderniste.



Villa Bailleu (1928), route de Philippeville à Loverval 




 Villa Darville à Mont-sur-Marchienne 



 Immeuble Pianos De Heug (1933) à Charleroi 




 Résidence Albert à Marcinelle 

 hall de la Résidence Albert 


Un bâtiment de Marcel Leborgne classé à Charleroi (titre de l'article)

Si vous habitez ou travaillez à Charleroi, vous passez peut-être devant régulièrement sans plus lui prêter attention : le "paquebot" de l'architecte Marcel Leborgne, building des années 1930, juste à l'entrée de l'avenue Meurée, vient d'être classé par la Région wallonne et sera donc désormais protégé.
Le "paquebot", c'est un surnom. Son vrai nom, c'est la résidence Albert, mais le "paquebot", ça lui va mieux. Jetez un coup d'oeil en passant sur le pont Saint-Roch, juste après la Sambre et le chemin de fer. Huit étages, des doubles terrasses autour d'une proue arrondie et vitrée, un petit air de digue de mer, une gueule des années trente et pour cause: c'est en 1938 que l'architecte Marcel Leborgne l'a construit.


Marcel Leborgne, c'est "du carolo" pure souche. Il est né à Gilly, en 1898, il a fait ses études chez les Jésuites puis à Saint-Luc, puisque l'architecture était ce qui le tentait. Sa grande période, c'est l'entre-deux-guerres. Et le "paquebot", c'est son oeuvre la plus monumentale. La voilà classée, désormais, donc protégée. On ne modifiera plus son aspect, sa façade, ses baies vitrées. 
Le "paquebot" rejoint sur la liste des bâtiments carolorégiens classés. Un de ses frères : l'immeuble des pianos De Heug, sur le Quai de Brabant. Celui-là est de 1933. Il est soutenu par de multiples béquilles, mais on lui refera une jeunesse en reconstruisant la Ville Basse. Marcel Leborgne, mort en 1978, survit vaille que vaille dans Charleroi. 


A. Vaessen, rédaction RTBF -  article paru le 22 septembre 2010



Maison Mattot à Charleroi 


Charleroi, boulevards Dewandre et Drion en 1939.
 A droite, la maternité Reine Astrid, au centre immeuble à appartement Moreau avec à sa gauche, la maison Mattot, toutes trois œuvres de Marcel Leborgne


Villa Genval, route de Philippeville, Loverval 



  Villa Liber, Namur 



Villa Le Carbet, Saint-Idesbald 

plan rez de chaussée Université de Gand


 Villa Lemort, Bruxelles


Villa Paquet, Loverval




Marcel Leborgne concentre ses efforts sur son sol natal. Si son œuvre carolorégienne est la plus connue, elle rayonne bien au-delà, notamment à Mariembourg (villa Malter, 1930-1933), à Namur (villa Liber, détruite), à Bruxelles (villas jumelles Lemort, 1934) et à Rhode-Saint-Genèse (villa Dirickx), ainsi qu’à la côte belge (villa Le Carbet à Saint-Idesbald, 1937). Après une période d’oubli, voire de purgatoire, en réaction contre les excès du fonctionnalisme, l’émoi causé par la démolition, en 1987, de son œuvre emblématique, la Maternité Reine Astrid, marque le début d’une réhabilitation. L’œuvre architectuale de Leborgne suscite, de nos jours, un intérêt grandissant. Son ancrage local le rend aujourd’hui indissociable du patrimoine de Charleroi.L’Entre-deux-guerres est, pour la région de Charleroi, portée par l’épanouissement de la nouvelle société industrielle, une période féconde sur le plan de l’architecture. Qu’elles s’inscrivent dans un front urbain ou ponctuent la banlieue verdoyante, les œuvres de Marcel Leborgne affirment, pour l’époque, clairement leur modernité. Par leur volumétrie cubique, leur blancheur dépouillée d’ornementation superflue, leurs bandeaux de verre recherchant la lumière, elles sont l’expression d’une démarche rationnelle nouvelle. Sa participation, avec son frère aîné l’architecte Henri Leborgne (1895-1958), au vaste programme de reconstruction de la Flandre après la Première Guerre mondiale, de 1921 à 1926, est déterminante : il entre en contact avec les idées de l’avant-garde moderniste, défendues notamment par le Carolorégien Victor Bourgeois. Construire vite en diminuant les coûts implique une remise en question de sa formation traditionnelle (école Saint-Luc, Tournai-Bruxelles). Rentré au pays, il prolonge, pendant une dizaine d’années, sa collaboration avec son frère. La part d’inventivité de leur production est attribuée à Marcel. Ces œuvres de jeunesse développent un langage puissant, basé sur la pureté des volumes élémentaires, agencés de manière complexe. Fidèle à l’idéologie du mouvement international, au-delà des modèles qui l’ont inspiré, avec sa propre sensibilité, il évolue vers une expression plus élégante. 

Extrait de Marcel Leborgne ou le choix de la modernité "humaine" par Anne-Catherine Bioul, historienne de l'art, Les Cahiers de l'Urbanisme N° 73








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