lundi 26 mai 2014

Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper


Œuvre de l’artiste et réalisateur autrichien Gustav Deutsch, Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper convie le spectateur à une surprenante rencontre de la peinture et du cinéma. Hommage à la peinture de Edward Hopper, le film évolue autour de la singulière reconstitution de treize tableaux prenant vie…

Comme Jim Jarmusch ou Wim Wenders, Gustav Deutsch a été fortement séduit par la moderne et suggestive peinture de l’Américain Hopper (1882-1967). Fruit de neuf années de préparation ayant nécessité un minutieux travail sur la construction des décors, la création de lumières, des costumes et des accessoires pour reproduire les tableaux de Hopper, le résultat final de Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper se révèle brillant. D’emblée, l’on est propulsé dans une réalisation fortement originale où art et cinéma tendent à se confondre, impression d’autant plus renforcée que les postures des personnages de Shirley et les subtils clairs-obscurs d’intérieur se nourrissent des propres références au film noir de Hopper, que l’on découvre dans toute son œuvre. En outre, le cachet du film doit beaucoup au personnage de Shirley - interprétée par Stephanie Cumming, une danseuse-chorégraphe -, qui évolue talentueusement dans ces décors picturaux au raffinement rétro.

Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper

Deutsch inscrit donc ses personnages au plus près de treize célèbres tableaux de Hopper : Stephen, le compagnon de Shirley est représenté sous les traits d’un photo-journaliste ; Shirley, sous ceux successifs d’une secrétaire, d’une actrice et d’une ouvreuse de cinéma. Quant au scénario écrit par Deutsch, il est recentré autour de la vie privée et professionnelle de Shirley tout en consacrant une large part à l’histoire des Etats-Unis des années 1930 à 1960. C’est sans doute là dans le déroulement narratif même que le film peut paraître un peu hermétique, voire ennuyeux. Les allusions à la vie artistique, sociale et politique de l’époque y apparaissent plutôt conventionnelles et labyrinthiques ; celles sur la vie privée de Shirley, entre carnet de bord journalistique et journal intime féministe, un peu convenues. Le choix contestable du réalisateur pour la forme  - littéraire et introspective - du monologue dessert peut-être le film. (De vrais dialogues mêlés aux monologues auraient contribué à une touche beaucoup plus moderne et certainement moins académique.) Un peu comme l’élève appliqué, très doué mais imperméable à toute transgression, Deutsch est sans doute resté trop fidèle à l’univers de Hopper. D’où un film original, parfaitement cohérent, mais un peu lisse. Malgré les petites réserves émises sur le scénario (un peu prévisible), Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper est un film à voir ne serait-ce que pour sa superbe « plastique » et son délicat et mystérieux hymne à la peinture.

durée : 1 h 30


Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper

Shirley, un voyage dans la peinture de Edward Hopper, un film de Gustav Deutsch, Autriche, 2013
Avec Shirley (Stephanie Cumming), Stephen (Christoph Bach), Mr Antrobus (Spectateur), Mrs Antrobus (Spectatrice), Chef de bureau (Tom Hanslmaier)








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