lundi 25 juin 2012

Oleanna


Oleanna, pièce écrite en1992 par le réalisateur, essayiste et scénariste américain David Mamet, se profile comme une réflexion mordante sur l’éducation avec comme toile de fond  cynisme social et incommunicabilité entre hommes et femmes.
Dès le début du drame, le spectateur peut ressentir  l'électricité  qui se dégage de ce duo  formé par  deux personnages problématiques :  John, professeur quadragénaire speed, faussement cool, un peu hautain   et Carol, jeune étudiante, paumée et nerveuse,  assoiffée de conseils pour ses examens.
D'ailleurs,  dans Oleanna, tout semble  opposer ces deux antihéros, subtilement mis en scène par Patrick Roldez : l’âge, le sexe, le milieu, l’éducation, la sensibilité, les aspirations… Cependant, le conflit entre Le professeur (David Seigneur) et L’étudiante (Marie Thomas), comme  l'œuf du serpent amoureusement couvé, n’éclate pas d’emblée.

Le Professeur (David Seigneur) et L'Etudiante (Marie Thomas)

 Dans un premier temps, le personnage de John, confronté   au discours larmoyant de Carol et à sa névrose d'échec, tente de la rassurer. Il joue la carte  des demi-confidences, sur le registre de l’inutilité des études. Puis, le rythme d’Oleanna s’accélère avec toute la violence - et la souffrance - de L’Etudiante, exprimée en un long flot verbal irréversible, cherchant  à décapiter moralement ce professeur sur le point d’être titularisé et d’acheter une maison, aspirant par dessus-tout - selon ses mots - « au confort ». Au-delà de la suggestion réaliste, l’univers grinçant - et parfois drôle - de Mamet dans Oleanna frappe surtout par son climat métaphorique. En fait,  l'histoire de l'auteur d'American Buffalo  s’inscrit pleinement   dans le puritanisme nord-américain  et sa thématique habituelle   comme le harcèlement sexuel et sa logique procédurière, la réussite sociale sous surveillance ou encore le mode de fonctionnement des universités américaines. Oleanna est une pièce complexe, à la fois  brillante (sur la forme) et  caricaturale (parfois sur le fond). Là réside sans doute toute la force de la pièce et aussi sa faiblesse.
 En tout cas, le jeu des comédiens, visiblement inspiré par le percutant  texte de Mamet, se révèle théâtralement  persuasif. 


durée : 1 h 10

Oleanna, de David Mamet
Texte français : Pierre Laville
Mise en scène : Patrick Roldez
Le Lucernaire (Théâtre Rouge)
53, rue Notre Dame des Champs
Paris 6e
du mardi au samedi à 20 h


du 20 juin au 1er septembre 2012



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