lundi 12 décembre 2011

Bal-Trap


Créée au Guichet Montparnasse en 1990 par Xavier Durringer, auteur de nombreuses pièces de théâtre, Bal-Trap renaît vingt après dans une alerte mise en scène d’Eve Weiss. Une pièce férocement drôle sur l’amour et le désamour…
Dans sa note de mise en scène, la metteuse en scène Eve Weiss commente ainsi la dualité qui caractérise Bal-Trap : « La situation est simple : au même endroit, un couple se sépare, un autre se rencontre ; un amour naît et un amour se meurt. Les deux couples sont les deux facettes de la relation amoureuse. Lulu et Gino sont la face sombre [….] ; Bulle et Muso sont la face lumineuse […]. »
Bal-Trap, qui oscille constamment entre comédie et drame, se révèle d’emblée une pièce très drôle. Les comédiens – excellents - surfent sur une scène au décor de kermesse illuminée, semblant tout droit sortis d’une réalisation du cinéma populaire des années cinquante. Il y a là Gino, grande gueule à l’allure de rockeur, tendre et emporté ; Lulu, son alter ego, un brin hystérique et harceleuse ; Bulle, pauvre et bonne fille cataloguée par son entourage comme « salope » et Muso, pince-sans-rire, à la fois indécis, rentre-dedans et philosophe à ses heures de drague.

photo © Sophie Anita - Bal-Trap

La rencontre loufoque entre ces quatre personnages nous offre là de savoureux dialogues comme ceux entre Gino et Muso, parlant de tout et de rien, plongés ridiculement dans une situation d’attente indéterminée. Dans cette pièce brève mais riche en rebondissements, chaque nouveau petit évènement est traité de façon amusante, un peu comme s’il s’agissait d’un speed dating à l’issue duquel les participants attendraient religieusement – et sans aucune garantie - le résultat de leurs mises/investissements émotionnels. Quant au Musicien, qui joue du violon, il se révèle vite le cinquième personnage clé de Bal-Trap. Très présent sur scène, par une trop grande discrétion, il pourra être perçu selon le spectateur comme un voyeur, un poète, un médium ou les trois à la fois… Muni de son archer, tantôt vibrant, tantôt hésitant, il tente d’exprimer musicalement l’agitation, physique ou verbale, de ses personnages - surtout celle de Gino et Lulu, écartelés entre roucoulades nostalgiques et crispations no future.

                                         photo © Sophie Anita - Bal-Trap

Dans une mise en scène des plus rythmées, Eve Weiss fait évoluer en un étourdissant flot verbal ses quatre personnages flirtant avec le pathos - des personnages à la fois très simples et très compliqués. Bal-Trap, pièce terriblement nerveuse, rue souvent dans les uppercuts. Sa dernière partie offre même un surprenant climat lyrique et baroque. Les comédiens occupent l’espace scénique - encombré de bougies -, happés par un amusant imbroglio autour du mariage de Gino et Lulu. A travers cette dernière pirouette, le spectateur pourra ainsi déceler l’aspect symbolique et incantatoire de Bal-Trap.

durée : 1 h 15

Salle Vicky Messica du 15 novembre au 23 décembre 2011 à 20h / du mardi au samedi.

Bal-Trap

Texte : Xavier Durringer 

Mise en scène : Eve Weiss

Théâtre Les Déchargeurs

3 rue des Déchargeurs



Paris 1er











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