Dans Chien de La Casse Jean-Baptiste Durand signe un premier long métrage à la fois drôle, cruel et poétique avec comme toile de fond l'amitié déçue et le déracinement de la jeunesse.
Dog et Mirales sont amis depuis de longues années. Plutôt désoeuvrés, ils passent beaucoup de temps ensemble avec un groupe de copains, à ne rien faire autour de la fontaine d'un village de l'Hérault, Le Pouget. Pendant l'été Dog noue une relation avec Elsa. C'est le début d'une relation de plus en plus conflictuelle entre Mirales et Dog.
Chien de La Casse
Entre tendresse et climat de violence Chien de La Casse décrit cette relation humaine qui unit ces deux jeunes, s'orientant vers une approche et naturaliste et à fleur de peau. Dog et Mirales nous apparaissent dans le film aussi différents que le jour et la nuit : le premier taiseux, tout en rétention, ayant comme projet immédiat l'armée ; le second, dealer occasionnel et bavard intarissable, grand amateur de Michel de Montaigne et de Herman Hesse. La qualité des dialogues ainsi que le ton très naturel des acteurs principaux - Anthony Bajon, Galatea Bellugi et Raphaël Quenard - contribuent à renforcer l'atmosphère mystérieuse de ce petit film d'auteur assez singulier.
Chien de La Casse
Dans un personnage à la fois fantasque et blessé, que l'on devine vulnérable, Raphaël Quenard se profile assez crédible. Et Jean-Baptiste Durand, dans une habile progression cinématographique, nous montre malicieusement toutes les facettes de ce personnage progressivement déstabilisé par la trahison-rencontre amoureuse de son meilleur ami. Bien plus qu'un simple sentiment de dépossession (amoureux ?), il nous laisse deviner qu'il s'agit bien pour Mirales de tout un monde qui s'écroule.
Chien de La Casse
Même si le réalisateur nous montre le personnage de Mirales, inséparable de son chien (comme bon nombre de SDF !) et vivant sous le même toit d'une mère artiste fauchée et dépressive, il a l'intelligence de s'écarter d'une direction sociologisante, privilégiant un style tour à tour dur et léger, orienté vers des interrogations davantage existentielles que politiques. Il met en scène la théâtralité même du personnage de Mirales, à la fois beauf et lettré. ténébreux et séduisant, méprisant et convivial...., nous laissant deviner toute l'ambivalence de cet être traversé tout autant par de grandes joies que de grandes souffrances.
Chien de La Casse
Des thèmes comme la désertification des villages ou la solitude des jeunes dans les petites villes se dessinent discrètement dans Chien de La Casse, notamment dans les scènes de rencontre de Dog, Mirales et Elsa avec les autres jeunes de la commune. L'on notera aussi la qualité de l'image, notamment dans les gros plans expressifs de visages et dans la beauté des paysages avoisinants. Au final, l'on conseillera ce film tout en nuance, s'inscrivant subtilement dans plusieurs registres (humour, tendresse, cruauté, poésie). Et sans doute c'est ce regard croisé, porté à la fois sur la gentillesse et la maladresse de ses personnages, qui donne au film tout son cachet.
durée : 1 h 25
Chien de La Casse, un film de Jean-Baptiste Durand, drame, couleur, 2022Avec Nicolas Fleureau, Jean-Baptiste Durand, Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Galatea Bellugi
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