lundi 11 juillet 2022

Expo Toyen, l'écart absolu

 

Au Musée d’Art Moderne de Paris l'expo Toyen, l'écart absolu met à l'honneur  une artiste  méconnue et exceptionnelle dont l'oeuvre audacieuse et mélancolique, teintée d’érotisme noir, a marqué l'histoire du surréalisme.  Riche de plus de 150 chefs-d’oeuvre (peintures, dessins, collages et livres), cette vaste rétrospective   permet de découvrir la trajectoire exceptionnelle de cette femme, qui participa, en 1934, à la fondation du mouvement surréaliste tchèque, avant de rejoindre la France en 1948. Après Prague et Hambourg l'expo parisienne nous fait découvrir Toyen (1902-1980), peintre tchèque atypique dont la vie artistique a côtoyé les plus grands mouvements de la peinture moderne. 

Toyen Une nuit en Océanie, 1931, huile sur toile 79 x 98,5 cm
© Regional Gallery of Fine Arts in Zlin © ADAGP, Paris, 2022

A 20 ans, dans une île de la côte dalmate, elle rencontre un autre peintre tchèque, légèrement plus âgé qu'elle, Jindrich Styrsky (1899-1980). Elle devient sa compagne et, avec lui, participe vite au groupe Devetsil, qui se réclame des avant-gardes européennes en général et du constructivisme russe en particulier. A Paris, plus tard, ils travaillent avec les surréalistes Breton et Eluard qu’ils inviteront, en 1935, pour la création du groupe surréaliste tchèque. L’artiste adoptera le pseudonyme Toyen, tiré du mot « citoyen ». La peinture de Toyen se distingue avant tout par son étrangeté et son magnétisme. La sensualité sourde, qui émane de ses tableaux ainsi que son intérêt pour les univers animal, végétal et minéral la classent en tout cas à part.

Toyen Masques pour la pièce de théâtre de Radovan Ivsic, Le Roi Gordogane, 1976
© Photo Katrin Backes et Sylvain Tanquerel © ADAGP, Paris, 2022

Cette pionnière du surréalisme tchèque à l'imaginaire puissant joue tout autant sur le pouvoir attractif de créatures chimériques que sur des figures naïves aux détails exotiques ou à connotations érotiques. Comme chez des artistes aussi différents que Balthus, Dali, Magritte ou Fini l'on peut apprécier simplement  la singularité picturale de ses tableaux  sans forcément en connaître les codes secrets, comme celui intitulé L'un dans l'autre (1965)  dont le titre fait référence à un jeu collectif des surréalistes sur le langage, imaginé par André Breton à l'été 1935 et auquel l'artiste participa. 

Toyen, Minuit, l'heure blasonnée, 1961 huile sur toile, 85 x 146 cm 
(Paris, collection particulière © Collection particulière © ADAGP, Paris 2022)

A la fois flottante et méticuleuse l'oeuvre de Toyen porte en elle à la fois le mystère et l'imagination, la force et la poésie.  Toyen est bel et bien une figure centrale de l’art tchécoslovaque, et même européen, du XXe siècle. Sa consécration fait d'ailleurs l’unanimité  autant dans les plus grands musées que chez les collectionneurs. Les dernières ventes de ses œuvres ont même battu tous les records en Tchéquie, s’envolant pour plus de trois millions d’euros !

Expo Toyen, l'écart absolu
Musée d’Art Moderne de Paris
 11, avenue du Président Wilson
Paris 16e 
horaires :  du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, nocturne le jeudi jusqu'à 21 h 30

jusqu'au 24 juillet 2022

Marie Čermínová, dite « Toyen »
(date inconnue)

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