lundi 5 octobre 2020

Relic



Avec Relic Natalie Erika James Volckman secoue un peu le prunier conventionnel des films du genre, mettant en veilleuse ses éternelles prouesses visuelles et visions subliminales d'épouvante ultrarabâchées. C'est le premier long métrage de la cinéaste sino-australienne Natalie Erika James Volckman, qui a aussi coécrit le scénario avec Christian White. Malicieusement, la réalisatrice semble s'être plutôt concentrée sur l'aspect psychologique de ses personnages à travers le fil conducteur de la culpabilité, celle d'une mère (Kay) et de sa fille (Sam), confrontées à la décrépitude et à la détérioration mentale de leur matriarche (Edna).

Relic

Par ailleurs pour son fort climat, moite et symbolique, ainsi que pour sa description méticuleuse d'une maison aux fluides maléfiques le film nous rappelle un peu l'excellent The Room (2020) de Christian Volckman. Les problématiques de la vieillesse imprègnent l'histoire de Relic, qui nous suggère en filigrane des relations ratées entre mère et fille mais surtout leur cohabitation difficile au moment de la vieillesse. C'est en effet contraintes (par la fugue provisoire et inexpliquée d'Edna) que Kay et sa fille s'installent dans la maison de la matriarche. L'interprétation de Robyn Nevin en vieille dame inquiétante et inaccessible - sur fond de visions cauchemardesques et gothiques - est particulièrement impressionnante.

Relic

Au-delà d'un scénario un peu flottant et convenu la force de ce long métrage réside surtout dans la qualité de jeu du trio générationnel, formé par Emily Mortimer, Bella Heathcote et Robyn Nevin. On signalera aussi la qualité du style cinématographique de la réalisatrice, alternant astucieusement la noirceur et la lumière et déplaçant subtilement ses personnages indécis dans des décors délicieusement surannés style La Petite Boutique des horreurs. L'on remarquera aussi les espaces musicaux et sonores particulièrement bien choisis. l Relic se profile un film intéressant pour son propos modestement métaphysique mais percutant.

Relic

 Ce n'est pas simplement un petit film d'épouvante de plus. Il nous suggère - sur le mode énigmatique du film de genre - la solitude et les angoisses profondes des personnes âgées en proie à des troubles dégénératifs mais aussi la culpabilité et le désarroi de leur entourage confronté à ces maladies. On lira l'instructif commentaire de la réalisatrice sur son film ci-dessous :

Relic

« En utilisant une histoire multigénérationnelle pour créer un personnage d'horreur à résonance émotionnelle, j'ai cherché à explorer les peines de coeur et les horreurs de la démence âgée, l'importance du lien humain et l'évolution des rôles et des dynamiques au sein d'une famille. Relic commence plus fermement ancrée dans le drame et se transforme lentement en un film d'horreur et de genre, reflétant la détérioration mentale et physique d'Edna. La descente d'Edna dans l'Autre démontre qu'il existe des choses encore plus horribles que la simple mort. Le pire, c'est de pleurer la perte d'une personne de son vivant. C'est la dégradation d'esprits autrefois brillants, d'âmes bienveillantes et d'une vie de souvenirs précieux ; c'est le sentiment de devenir un étranger pour la personne qui vous a mis au monde. Ce sont là les vraies terreurs » 
Nathalie Erika James

durée : 1 h 30

Relic, un film de Natalie Erika James Volckman drame, horreur, USA, Australie, 2020

Avec Emily Mortimer, Robyn Nevin, Bella Heathcote









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