Vaste déambulation en forme de méditation sur la vie et son cours, l'expo Christian Boltanski - Faire son temps au Centre Pompidou propose un regard singulier sur l'oeuvre d’un des principaux artistes de notre époque.
« Mon art est en quelque sorte un art de survie, l’art des vaincus qui essayent de sauver quelques bribes de leur vie, de se fabriquer des petites marionnettes ou des grigris qu’on cache avec soi » * déclarait en 1986 l'artiste Christian Boltanski. Etrange, réaliste, intimiste, historique, mémorielle, mythologique... L'oeuvre de Boltanski - né à Paris en 1944 - s'ouvre généreusement à de multiples interprétations. Elle se ballade indifféremment entre peinture, vidéo, photographie, installation.
Vitrine de référence, 1971
Boîte en bois peinte sous plexiglas
Bois, plexiglas, photos, cheveux, tissus, papier, terre, fil de fer. 59,6 x 120 x 12,4 cm
A travers 50 oeuvres emblématiques la copieuse rétrospective que lui consacre le Centre Georges Pompidou permet de redécouvrir ce travail artistique aussi énigmatique que philosophique, arpentant à travers de multiples épisodes thématiques les contrés incertaines de la biographie et de la fiction. Deux mots ouvrent et clôturent le parcours de l'expo (Départ et Arrivée), symbolisant la vie qui s'écoule entre les deux. Né de parents juifs la Shoah constitue un des thèmes majeurs de Boltanski. A travers Terril Grand-Hornu (2015), amas de vêtements noirs, les Fantômes de Varsovie (2001) ou encore les Tombeaux (1996), Boltanski nous promène sans impudeur dans un environnement à la limite du sacré et du morbide. Conçue par Boltanski lui-même comme une vaste déambulation au cœur de son œuvre l'expo oriente le visiteur vers les thèmes fétiches de l'absence et de la présence comme dans son Album de photos de la famille D., 1939-1964 (1971) ou dans Réserve des Suisses morts (1990).
Composition théâtrale, 1981
Cibachrome fixée dans un cadre-vitrine noir. 241 x 124,5 x 8,8 cm
Détail d'un triptyque : 241 x 373,5 cm
(A partir de 1990 Boltanski commence à utiliser les photographies de défunts parues dans les pages nécrologiques du journal suisse Le Nouvelliste du Valais.) A la dimension surpuissante de la mémoire et de la mort qui caractérise ce travail de près d'un demi-siècle on y ajoutera l'empreinte de la religiosité. On remarquera aussi combien cette déambulation artistique permise par ce parcours labyrinthique se rapproche de l'univers du théâtre par son habile et fascinante mise en scène sans bien sûr en révéler les trucs. Entre néant et permanence ( le titre de l'expo 'Faire son temps" est plutôt évocateur !) l'oeuvre de Boltanski se révèle à la fois objet et expression de méditation et de révolte. A propos d'une de ses techniques favorites l'artiste n'at t'il pas déclaré un jour : « La photographie, c’est un grand ratage, c’est garder la vie, et rater, puisque c’est déjà passé. Vous ne montrez que des images, vous ne pouvez rendre la vie. C’est déjà passé, c’est déjà mort. »
*(Christian Boltanski, entretien avec Elisabeth Lebovici, Beaux-Arts Magazine, n°37, juillet 1986)
Expo Christian Boltanski - Faire son temps
Centre Georges Pompidou (Galerie 1, niveau 6)
Paris 4e
horaires : tous les jours de 11 h à 21 h sauf le mardi
jusqu'au 16 mars 2020
*(Christian Boltanski, entretien avec Elisabeth Lebovici, Beaux-Arts Magazine, n°37, juillet 1986)
Expo Christian Boltanski - Faire son temps
Centre Georges Pompidou (Galerie 1, niveau 6)
Paris 4e
horaires : tous les jours de 11 h à 21 h sauf le mardi
jusqu'au 16 mars 2020
Les archives de C.B. 1965-1988, 1989
Installation avec de la lumière
646 boîtes à biscuit contenant environ 1 200 photographies et 800 documents divers.
Au-dessus, 34 lampes et fils électriques
Métal, photographies, lampes, fils électriques
270 x 693 x 35,5 cm
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