lundi 1 avril 2019

Fool, le nouvel opus de Joe Jackson




4 ans après Fast Forward Joe Jackson sort un nouvel opus varié et mélodique, intitulé simplement Fool.


L’album a été coproduit par Joe Jackson et Pat Dillett (David Byrne, Sufjan Stevens, Glen Hansard, etc.) Il est entouré de ses musiciens qui le suivent en live également depuis la sortie de Fast Forward : Teddy Kumpel à la guitare, Doug Yowell à la batterie, et Graham Maby qui assure la basse depuis 40 ans à ses côtés (il était déjà présent sur les premiers enregistrements. Après 40 ans d’une carrière riche brassant divers styles (punk, jazz/blues/pop, ska, classique, prog)  Jackson sort ce 20e opus des plus intéressants. A l’écoute du CD l’on constate que le chanteur possède toujours à 64 ans ce sens aigu de la mélodie et de l’arrangement tout en étant parfaitement accessible à un grand public. Le concept de Fool sur fond de comédie et tragédie, illustré par un jeu de cartes dans la pochette intérieure, peut paraître un peu vague mais Jackson réussit l’exploit de proposer 8 titres suffisamment toniques et variés pour retenir l'attention. Le 1 er titre, le sautillant « Big Black Cloud » témoigne de cette efficace veine mélodique pop/jazzy post « Look Sharp » avec un entêtant crescendo piano/guitare/batterie à la Supertramp. (On notera au passage l’importance et la qualité des parties pianistiques sur l’ensemble du CD, de « Strange Land » à « Alchemy ».) Fool concentre donc sympathiquement tout ce qui fait le style Jackson : timbre de voix juvénile, particulièrement mélodique sur les ballades, riffs de rock rapides, claviers tournoyants et éclectisme musical. Un morceau comme « Fabulously Absolute » ramène à l’énergie punk/ska de « I’m The Man » de 1979. Titre dansant et alambiqué « Fool » propose un tout autre climat, oscillant entre mélodies orientales, sonorités indiennes et longue jam jazzy avec piano et basse. L’on sent qu’avec la maturité de l’âge Jackson peaufine particulièrement ses textes. « Dave » évoque l’ennui d’un employé au travail sur fond de piano délicat et de guitare chatoyante. [L’atmosphère rock arty de la ballade fait d'ailleurs songer à la  nostalgie rock glam/arty du Slaughter On 10th Avenue (1974) de Mick Ronson.] Sur « Strange Land » le chanteur semble s’interroger sur son statut d’artiste (« Is this a strange land/Or am I a étranger ? »,) Avec son crescendo piano/guitare/batterie, le morceau est une vraie réussite avec son climat expressionniste et un peu théâtral. Efficace et mélodique « Friend Better » lorgne plutôt vers la musique californienne style Don Henley. Quant à « Kisses », il rappelle les ballades de Ian Hunter. Au final, Fool se profile un excellent disque, à la fois créatif et intelligemment produit.

Fool, Joe Jackson, ear music, 2019


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