lundi 5 octobre 2015

Expo Elisabeth Louise Vigée Le Brun 1755-1842


A travers plus de 150 œuvres, dont certaines exposées pour la première fois, le Grand Palais rend hommage à Elisabeth Louise Viget Le Brun (1755-1842). Méconnue du grand public, cette forte personnalité - emblématique du XVIIIe siècle - séduit par un art du portrait à la fois retenu, vivace et sensuel.



Monarchiste convaincue, Louise Viget Le Brun devint en 1778 le peintre officiel de la reine Marie-Antoinette, sa protectrice. Et sans doute ses portraits - les plus célèbres - qui représentent « l’Autrichienne » dans tous ses atouts vestimentaires ont façonné durablement l’image de marque d’une peintre, qui après avoir porté son art au service de la famille royale et de la cour partit à la Révolution pour un exil de 12 ans qui la mena en Italie, en Autriche et en Russie.

Elisabeth Louise Vigée Le Brun
Marie-Antoinette en chemise ou en gaulle vers 1783
huile sur toile ; 89,8 x 72 cm
Kronberg, Hessische Hausstiftung
© Hessische Hausstiftung, Kronberg im Taunus

Dans ces trois pays, elle portraitura la haute bourgeoisie ainsi qu’une clientèle aristocratique européenne. Enrichie par un important ensemble de peintures, de dessins et de pastels, cette première rétrospective européenne consacrée à Viget Le Brun nous fait découvrir une artiste, dont l’œuvre depuis une trentaine d’années se fait plus présente dans l’histoire de l’art, en partie grâce à une bibliographie prolifique. A la fois ouverte à des tendances contraires et imprégnée par des codes aristocratiques, la peinture de Viget Le Brun est sans doute plus complexe que ce qu’elle nous laisse entrevoir. 

Elisabeth Louise Vigée Le Brun
Hubert Robert, 1788
huile sur panneau de chêne ; 105 x 84 cm
Paris, musée du Louvre, département des Peintures, don de Mme Vigée Le Brun, 1843
© Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Ses tableaux expriment le souci des convenances mais aussi une forme de spontanéité joyeuse et un peu naïve. Dans son Histoire de la peinture, l’historienne d’art Wendy Beckett note que « Viget Le Brun souscrit d’une certaine façon au néoclassicisme mais avec des libertés empruntées au baroque ». Parfois soumise à des codes sociaux un peu cérémoniels, sa peinture se profile néanmoins vibrante, chargée d’énergie, exprimant tendresse, joie ou insouciance dans l’expression propre au XVIIIe siècle. [voir l’Expo Fragonard amoureux au Musée du Luxembourg, jusqu’au 24 janvier 2016]

Elisabeth Louise Vigée Le Brun 
La comtesse Varvara Nicolaïevna Golovina, née Golitsyna, 1797-1800 
huile sur toile ; 83 x 66,5 cm 
Birmingham, The Trustees of the Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham 
© Birmingham, The Trustees of the Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham 

Le parcours thématique de l’expo nous renseigne sur l’époque marquée par un certain rousseauisme, la place privilégiée des enfants dans la vie familiale des classes aisées ainsi que le rôle de pionnière de Viget Le Brun dans l’émergence des femmes dans le milieu de l’art, cadenassé et masculin. Outre les élites aristocratiques, l’artiste a également portraituré les artistes (Hubert Robert), les membres de sa famille ou encore ses consœurs peintres, dont certaines furent guillotinées sous la Révolution. Par la singularité, la variété et la qualité de ses œuvres, l’expo consacrée à Elisabeth Louise Viget Le Brun vaut  le détour !

Expo Elisabeth Louise Vigée Le Brun 1755-1842
Grand Palais
Galeries nationales (entrée Clemenceau)
Paris 8e
horaires : tous les jours de 10 h à 20 h, nocturne le mercredi jusqu’à 22 h ; fermé le mardi

jusqu’au 11 janvier 2016


Elisabeth Louise Vigée Le Brun
L’Artiste exécutant un portrait de la reine Marie-Antoinette, 1790
huile sur toile ; 100 x 81 cm
Florence, Galleria degli Uffizi, Corridoio Vasariano
© Galleria degli Uffizi, Florence, Italy /bridgeman Images

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