lundi 28 mars 2022

Kengo Kuma : un architecte entre Orient et Occident

Le musée Albert-Kahn,  après six ans de travaux. 
(©Kengo Kuma & Associates / CD92)

 Musée Albert-Kahn Jardin zen (©Kengo Kuma & Associates / CD92)

La façade nord. (©Kengo Kuma & Associates / CD92)

Kengo Kuma

Après six ans de fermeture le musée Albert-Kahn de  Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) rouvre cette semaine avec un nouveau bâtiment signé  par le Japonais Kengo Kuma (né en 1954). L'occasion  de parcourir visuellement quelques réalisations emblématiques de l'architecte ivre de matériaux et de nature !

Kengo Kuma a fondé son cabinet - Kengo Kuma and Associates - en 1990. Ses réalisations, proches de la nature et imprégnées de modernité et de poésie, s’orientent vers la tradition japonaise. Très attentif aux matériaux, à la transparence, à l’espace et à la lumière, ses réalisations stimulent les sens du visiteur. L’on compte parmi ses réalisations emblématiques  la « Water/Glass House » (Shizuoka, 1995), le Mur de Bambou « Great Bamboo Wall » (Pékin, 2002), l’immeuble LVMH (Osaka, 2004) et la « Chokkura Plaza » (Takamezawa, 2006).




Mur de Bambou « Great Bamboo Wall », Pékin (Chine)


« Water/Glass House », Shizuoka (Japon)


Immeuble LVMH, Osaka


Chokkura Plaza, Takamezawa


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Sa conception a été en grande partie inspirée par les caractéristiques de son matériel prédominant, la pierre d'Ooya.



Observatoire Kiro-San, Yoshiremi, Ochi-gun, préfecture d'Ehime, Shikoku


River Filter, Tamakawa, préfecture de Fukushima


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Musée Kitakami Canal, Miyagi


Y Hutte House (est du Japon)


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Musée d'Ando Hiroshige, Bato, préfecture de Tochigi


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Lotus House, Hayama (est du Japon)


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Plastic House (centre de Tokyo)


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Musée de pierre (Stone Museum), Nasu, préfecture de Tochigi


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Nagasaki  Prefecture  Art Museum


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Ushioda House, Kyoto


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Starbucks Coffee, Omotesando


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The  Window House


Immeuble  Green cast, Odawara


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Opposite House Hotel, Pékin


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Xinjin Zhi Museum (Chine)


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Dans un même mouvement, Kengo Kuma prône la cohésion entre la qualité architecturale et la performance énergétique. Il n'est pas question, pour lui, de renoncer à l'un au profit de l'autre, les édifices aujourd'hui devant être à la fois d'une architecture remarquable et hautement performants.

(Marc Chartier)





Cité des Arts et de la Culture à Besançon, 2013 


Interview « Kengo Kuma, père de la Cité des Arts », paru dans Magazine du Grand Besançon 
n° 57, mars-avril 2013 

Qu'est-ce qui a retenu votre attention dans le projet de la Cité des Arts, et quelles étaient ses spécificités? 

Kengo Kuma : Sans conteste l'aspect de l'environnement, cette nature en pleine ville, les méandres du Doubs, et le relief des collines qui le bordent. Toutes ces formes évoquent une géométrie en mouvement. Mêlée au patrimoine historique fondateur de la Citadelle de Vauban, c'est un environnement extrêmement riche. La proximité du Doubs représentait d'ailleurs la principale difficulté, avec le bâtiment déjà existant de l'ancien port fluvial, si caractéristique. Cela semblait compliqué de traiter avec ces deux conditions complexes...compliqué, donc intéressant ! 

Connaissiez-vous le Grand Besançon ? 

Kengo Kuma : Oui, grâce à Seiji Ozawa que je connais et qui a remporté ici le concours de jeune chef d’orchestre. C’est une coïncidence à laquelle j’attache beaucoup d’importance. Je suis très sensible et très attaché au monde de la musique, et je trouve extraordinaire que mon premier projet en France ait lieu dans une ville qui a consacré quelqu’un que je respecte beaucoup. 

Parmi les autres projets que vous avez réalisés dans le monde, quels sont ceux qui vous tiennent le plus à cœur ? 

Kengo Kuma : Nous venons de livrer l’opéra House de Tokyo, réputé pour le kabuki (théâtre traditionnel), et l’inauguration a lieu presque en même temps que la Cité des arts d’ailleurs. S’agissant d’un symbole de la culture japonaise, je suis très honoré d’en avoir réalisé l’extension. L’autre projet qui m’est cher est le Great (Bamboo) Wall, une maison située à côté de la muraille de Chine, à Beijing. Son image a été beaucoup utilisée notamment par la publicité, ce qui a permis de me faire connaître du grand public. 

Pourquoi avez-vous choisi le métier d'architecte ? 

Kengo Kuma : J’habitais une maison traditionnelle, en bois, et dans les années 60-70, et mes copains habitaient tous des logements neufs, pleins de technologie. Au départ, je les enviais, et puis je me suis posé la question de cette différence, j’ai cherché l’intérêt de ces constructions... et en comparant, je me suis aperçu qu’il y avait plein d’avantages dans la maison dans laquelle je vivais. Plus petit encore, ma mère s’inquiétait beaucoup parce que je ne faisais que jouer avec des blocs de bois que j’empilais partout... elle se demandait ce que je pouvais bien y trouver... 

Existe-t-il un « style Kengo Kuma » ? 

Kengo Kuma : Je le définis par la gentillesse pour les êtres humains et la nature, l’amitié entre les deux.
 

Comment vous renouvelez-vous dans vos créations architecturales, pour que chacune soit unique ? 

Kengo Kuma : Je cherche toujours l'inspiration dans le site, ses particularités, et ensuite j'y ajoute les exigences des maîtres d'ouvrage. Pour la Cité des arts, ce sont des organismes publics, alors je m'inspire de l'environnement et des gens qui vivent autour. Je cherche sur place une petite particule qui représente tout cela, pour la mettre en forme, puis l'adapter à l'échelle humaine. A Besançon, c'est le mélèze que nous avons choisi, puis décliné en pixels, que nous avons ensuite imbriqués. Cette recherche d'une parfaite intégration dans l'environnement est perpétuelle dans nos créations. 

Comment imaginez-vous l'avenir de la Cité des arts ? 

Kengo Kuma : On a utilisé des matériaux naturels, le mélèze, pour que la couleur du bâtiment change, évolue, et que la combinaison soit plus harmonieuse au fil du temps. Le bois va vieillir, noircir, c'est normal, il est fait pour ça : il est comme nous, il prend de l'âge! L'avantage d'utiliser des matériaux naturels, c'est que quand il est abîmé, il suffit de changer le morceau cassé, et ainsi le bâtiment entier va traverser les décennies. Je reviendrai de toute façon voir la Cité des arts régulièrement, un peu comme on vient rendre visite à sa famille...
 


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