lundi 6 mai 2013

Rétrospective Mike Kelley




Première rétrospective française consacrée à Mike Kelley (1954-2012), l’on peut voir au Centre Pompidou, à travers un parcours d’une centaine d’œuvres réalisées entre 1974 et 2011, un saisissant aperçu de l’univers baroque et tourmenté du célèbre artiste américain, qui s’est suicidé l’année dernière.
D’emblée, les créations de Kelley se profilent ambiguës : sous une apparence d’esthétique pop et tape-à-l’œil, de provocation tous azimuts parfois « gore » et de raffinement urbain un peu déconcertant, elles dévoilent un univers des plus originaux. Créateur iconoclaste, ce plasticien de l’étrange et cousin spirituel de Marcel Duchamp joue sur la variété des techniques (vidéo, dessin, peinture, photographie, sculpture…), invitant le visiteur dans un monde aussi bariolé qu’incisif. L’œuvre s’avère ambivalente : méditative et hystérique. L’expo, bien conçue, rend hommage au mystérieux univers de l’artiste. Ses grandes installations côtoient des travaux plus intimistes comme la surprenante série Memory, caractérisée notamment par une imposante sculpture ornée de breloques ainsi qu’un fascinant tableau pop surréaliste (Memory Ware Flat), parsemé d’objets hétéroclites. Ce dernier offre un séduisant - et labyrinthique - voyage de signe burlesque quelque part entre Dali, Villeglé et Duchamp.

Mike Kelley, Frankenstein, 1989 

Mike Kelley, Kandor 15, 2007
Mike Kelley Foundation for the Arts - crédit photo © Fredrik Nilsen - Courtesy of Mike Kelley Foundation for the Arts © Estate of Mike Kelley All rights reserved 

Finalement, si l’on met de côté le parcours sonore des installations de l’artiste - lourdingue et d’une banalité affligeante [comme c’est souvent le cas en environnement plasticien] -, l’expo réserve bien des surprises, proposant une vision claire et synthétique de l’univers artistique de Kelley. L’on y découvrira ses curieux animaux cousus en tissu, ses poupées rembourrées faites main ainsi que la série des grands dessins Half a Man, illustrée par des parties de corps et des sacs-poubelle. Les installations du corpus Day is Done sont également présentées. Dans une courte et désopilante vidéo, les pérégrinations dans un salon de coiffure gay nous sont contées sous la forme d’un sketch de Laurel et Hardy. Cette rétrospective fait ressortir les diverses palettes de l’art du plasticien : élégant environnement postmoderne aux sonorités clair-obscur avec installations lumineuses aux ambiances sensuelles et psychédéliques ; univers gore et délirant dans des vidéos humoristiques - entre body art et Muppet Show - centrées sur le thème (dégoulinant) de la défécation, climat sobre et sophistiqué avec installations audiovisuelles en verre, métal et tubes fluorescents… Mike Kelley est sans l’artiste de tous les excès et de tous les talents. Tiraillée entre le sens de la dérision et des recherche esthétiques singulières, son œuvre, surtout depuis sa mort récente, prend valeur universelle.

Mike Kelley, Memory Ware Flat, 2001

Rétrospective Mike Kelley
Centre Pompidou (galerie sud, niveau 1)
Paris 4e
Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 11 h à 20 h


du 2 mai au 5 août 2013


Mike Kelley




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