Oleanna, pièce écrite en1992 par le réalisateur, essayiste et scénariste américain David Mamet, se profile comme une réflexion mordante sur l’éducation avec comme toile de fond cynisme social et incommunicabilité entre hommes et femmes.
Dès le début du drame, le spectateur peut ressentir l'électricité qui se dégage de ce duo formé par deux personnages problématiques : John, professeur quadragénaire speed, faussement cool, un peu hautain et Carol, jeune étudiante, paumée et nerveuse, assoiffée de conseils pour ses examens.
D'ailleurs, dans Oleanna, tout semble opposer ces deux antihéros, subtilement mis en scène par Patrick Roldez : l’âge, le sexe, le milieu, l’éducation, la sensibilité, les aspirations… Cependant, le conflit entre Le professeur (David Seigneur) et L’étudiante (Marie Thomas), comme l'œuf du serpent amoureusement couvé, n’éclate pas d’emblée.
Le Professeur (David Seigneur) et L'Etudiante (Marie Thomas)
Dans un premier temps, le personnage de John, confronté au discours larmoyant de Carol et à sa névrose d'échec, tente de la rassurer. Il joue la carte des demi-confidences, sur le registre de l’inutilité des études. Puis, le rythme d’Oleanna s’accélère avec toute la violence - et la souffrance - de L’Etudiante, exprimée en un long flot verbal irréversible, cherchant à décapiter moralement ce professeur sur le point d’être titularisé et d’acheter une maison, aspirant par dessus-tout - selon ses mots - « au confort ». Au-delà de la suggestion réaliste, l’univers grinçant - et parfois drôle - de Mamet dans Oleanna frappe surtout par son climat métaphorique. En fait, l'histoire de l'auteur d'American Buffalo s’inscrit pleinement dans le puritanisme nord-américain et sa thématique habituelle comme le harcèlement sexuel et sa logique procédurière, la réussite sociale sous surveillance ou encore le mode de fonctionnement des universités américaines. Oleanna est une pièce complexe, à la fois brillante (sur la forme) et caricaturale (parfois sur le fond). Là réside sans doute toute la force de la pièce et aussi sa faiblesse.
En tout cas, le jeu des comédiens, visiblement inspiré par le percutant texte de Mamet, se révèle théâtralement persuasif.
durée : 1 h 10
Oleanna, de David Mamet
Texte français : Pierre Laville
Mise en scène : Patrick Roldez
Le Lucernaire (Théâtre Rouge)
53, rue Notre Dame des Champs
Paris 6e
du mardi au samedi à 20 h
du 20 juin au 1er septembre 2012
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