lundi 16 avril 2012

L’Impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents



« Bien qu’ils prétendent souvent le contraire, les parents et leurs enfants de plus de 20 ans ne se lâchent plus. Pour les jeunes, le doute et l’incertitude infiltrent toutes les étapes de l’accès à l’autonomie.  Ces adulescents et autres Tanguy qui décrivaient une pathologie sont devenus une norme de comportement sans limite d’âge, à l’instar des sociétés jeunistes. »
Dans une introduction quelque peu provocante, Philippe Hofman, psychologue-clinicien, se penche sur les rapports complexes et parfois excessifs entre jeunes adultes et parents. Ouvrage ni moraliste, ni polémique, L’Impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents commente la place prépondérante des parents, souvent  intrusive, dans la vie quotidienne de jeunes adultes, parfois trentenaires. Véritable phénomène de société,  cette impossible séparation,  sorte de fusion-régression, amène l’auteur à s’interroger sur certains de ces parents « aveuglés par une culpabilité maladive qui les soumet aux désirs les plus incroyables de leur enfant ». Dans cet essai à la fois drôle et  analytique, Hofman   nous parle de ces fameux parents coupés-collés, illustrant ses propos d’exemples variés.  Des parents, qui s’identifiant trop à leur progéniture, finissent par être très intrusifs, qui s’immiscent dans les choix pédagogiques, de la maternelle au lycée, dans l’environnement intime (les copains, la sexualité, les loisirs) ou  l’orientation professionnelle. Hofman s’intéresse notamment au mince espace utilitaire et ludique qui lie souvent parents et jeunes adultes : Internet, jeux vidéo, musique rock, tabagisme, résidence secondaire… Il évoque aussi l’ambiguë mise à contribution de grands-parents reconvertis fréquemment  en baby-sitting permanent. Des loisirs aux habitudes conviviales,  tout semble pousser finalement, à la lecture de L’Impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents, à cette fusion, à cette interdépendance entre jeunes adultes et parents. Après   avoir signalé les effets néfastes de cette « impossible séparation », Hofman en  souligne  les côtés positifs dans sa conclusion :

« Certains jeunes gâtés et capricieux étoufferont sous la cloche hermétique de coupés-collés avides de bonheur par procuration. Mais la plupart s‘envoleront, avec dix ans de maturité décalée. Ils auront offert à leurs parents une prolongation de leur rôle. Une décennie de rajeunissement, pour ces coupés-collés qui redoutent tant de vieillir. Ils finiront par développer ensemble une conviction solide, celle de la continuité affective. »

Philippe Hofman, L’Impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents, éditions Albin Michel, 291 pages, 2011

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