Dans Mise au vert Yohann Charrin signe un premier long métrage savoureux et drôle avec comme toile de fond les thèmes du retour à la nature et de l'esprit communautaire. Dans un style qui rappelle un peu les comédies populaires des années 70 le réalisateur nous embarque dans une histoire loufoque de vacances imprévues.
Les personnages se profilent à peine caricaturaux avec le père (Régis Blondin), quadragénaire stressé travaillant dans les assurances, la femme (Claire) en bisbille avec son mari, les enfants (Charlotte et Benoit), accros aux jeux vidéo et en pleine crise de début d'adolescence.
Mise au vert
Yohann Charrin a construit son sympathique long métrage autour de la drôlerie des situations résultant de la rencontre imprévue entre cette famille urbaine (les Blondins), passablement coincée, et des néo-ruraux version mondialiste post Woodstock. Les dialogues font mouche et les acteurs sont excellents. La bande de marginaux (Jicé, Léa, Tom, Jacob) donne un coté original et décalé à l’histoire tout en illustrant des phénomènes sociaux actuels (le retour à la nature aidé par la crise, la décroissance, l’écologie...). L'on signalera aussi la composition originale de Jean-François Balmer (oncle Léon) dans l'interprétation d'un villageois détenteur de secrets du terroir.
Mise au vert
Mise au vert est un film pétillant, à l'énergie excentrique et surtout très drôle dans sa façon de raconter un retour à la nature - façon BD Lauzier - par des bobos parisiens névrosés. Rien n'y manque : la vieille maison en ruine perdue dans la forêt, sans électricité ni réseaux ; des paysages magnifiques, ceux des villages et plateaux du Vercors ; des comédiens, dont certains sont originaires de la région, des «gueules » rappelant des personnages pittoresques du cinéma populaire comme ceux joués par Michel Galabru ou Paul Préboist. Au-delà du récit picaresque de la cohabitation forcée entre bobos parisiens et marginaux néopunks, la comédie de Yohann Charrin nous parle bien, certes sur un registre malicieux, de la société d'aujourd'hui post-Covid.
Déchirés entre la nostalgie du retour à la nature et leur peur de cette dernière, les Blondins ont le désir de resserrer des liens familiaux et aussi celui de libérer leurs ados de l'addiction numérique. Outre l'idée de changer de cadre de vie, le film met en exergue à travers une subtile description de la bande de marginaux l'aspiration à changer purement de modèle économique. Par sa façon décalée de parler de la société et des gens Mise au vert se profile un film aussi original qu'intéressant.
durée : 1 h 34
Une comédie de Yohann Charrin, France, 2023Avec Frederick Guillaud, Alexandra Holzhammer, Juliette Charrin, Gabin Jouillerot, Jean-François Balmer, Didier Benureau
Mise au vert
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