Au Théâtre 14 Jean-Paul Tribout met en scène La Ronde, pièce emblématique et scandaleuse de l’Autrichien Arthur Schnitzler
(1862-1931).
« Dominée par l’érotisme, l’abondante œuvre de Schnitzler oscille constamment entre ironie et résignation », peut-on lire dans un Dictionnaire du théâtre. Insouciance, frustration, liberté (sexuelle)… A travers cinq femmes et cinq hommes de la Vienne 1900 La Ronde interroge leur bref jeu de séduction, conclu par un rapport sexuel puis par la séparation. Dans les années 1900 le spectacle fit grand scandale et suscita à l’égard de son auteur un déchaînement d’injures antisémites. Aujourd’hui la portée subversive du texte semble assez dérisoire. Et c’est sans doute plus dans sa description de mécanismes psychologiques liés au thème de la séduction et du plaisir que dans un illusoire parfum de scandale sexuel que la pièce nous apparaît encore imprégnée de modernité.
Le contexte sociologique de La Ronde est celui de la Vienne cosmopolite insouciante - fin XIXe - début XXe - de l'Empereur François-Joseph, celle par exemple que chérissait tant Zweig avant d’écrire sa prophétique autobiographie Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, annonçant au monde l’apocalypse hitlérienne. La Ronde, c’est la Vienne des bals, des cabarets, des cafés et des théâtres. Celle des rencontres agréables et rapides (sans prise de tête ! dirait-on aujourd'hui) si prisée par la haute bourgeoisie viennoise et cosmopolite. Dans La Ronde, à l’ombre de ces lieux emblématiques, Schnitzler y place des personnages de tous milieux en constante interaction : prostituée, soldat, comédienne, auteur de théâtre, femme de chambre, aristocrate.
Ils s’y profilent un peu comme des archétypes sociaux mais tous sont réunis dans « cette ronde interactive » par des points communs : la quête du plaisir, le goût à la fois de la volupté et un penchant naturel à la désillusion, le partage de ce que les poètes aiment appeler « le mensonge de l’amour ». Subtilement, en dix tableaux, la mise en scène cinématographique de Jean-Paul Tribout nous dessine l'empreinte profondément vaudevillesque de cette œuvre théâtrale, qui peut être vue aussi sous un angle social, freudien ou même médical - Schnitzler d'ailleurs était médecin. Tous les signes symboliques d’un marivaudage bourgeois s'y profilent : vêtement noirs élégants (hommes), tenues affriolantes (femmes), décor raffiné et lascif, gestuelle un peu snob et élégante (plus saccadée lors de l'amusante fin qui ponctue chaque tableau (!).
Instinctifs et alertes, les comédiens glissent malicieusement dans ces personnages furtifs regardant, entre deux étreintes, le monde à travers le prisme de leur nombril. (Judicieusement placés sur le plateau des miroirs nous montrent les personnages déformés.) On l’aura compris : le climat général de ce speed-dating viennois se profile beaucoup plus proche de (Sacha) Guitry et de Labiche que d'un Ibsen ou d'un (Hjalmar) Söderberg. S'écartant des contours naturalistes La Ronde joue régulièrement sur le dit et le non-dit, le montré et le caché, le public et l’intime. Constamment, un certain érotisme perce derrière l'apparente futilité des propos des personnages. Proche de l'esprit du boulevard, la pièce nous avertit de la dimension à la fois révolutionnaire et infinitésimale qui réunit ces couples : celle, simple et radicale, de la recherche de l'assouvissement des désirs.
« Dominée par l’érotisme, l’abondante œuvre de Schnitzler oscille constamment entre ironie et résignation », peut-on lire dans un Dictionnaire du théâtre. Insouciance, frustration, liberté (sexuelle)… A travers cinq femmes et cinq hommes de la Vienne 1900 La Ronde interroge leur bref jeu de séduction, conclu par un rapport sexuel puis par la séparation. Dans les années 1900 le spectacle fit grand scandale et suscita à l’égard de son auteur un déchaînement d’injures antisémites. Aujourd’hui la portée subversive du texte semble assez dérisoire. Et c’est sans doute plus dans sa description de mécanismes psychologiques liés au thème de la séduction et du plaisir que dans un illusoire parfum de scandale sexuel que la pièce nous apparaît encore imprégnée de modernité.
Le contexte sociologique de La Ronde est celui de la Vienne cosmopolite insouciante - fin XIXe - début XXe - de l'Empereur François-Joseph, celle par exemple que chérissait tant Zweig avant d’écrire sa prophétique autobiographie Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, annonçant au monde l’apocalypse hitlérienne. La Ronde, c’est la Vienne des bals, des cabarets, des cafés et des théâtres. Celle des rencontres agréables et rapides (sans prise de tête ! dirait-on aujourd'hui) si prisée par la haute bourgeoisie viennoise et cosmopolite. Dans La Ronde, à l’ombre de ces lieux emblématiques, Schnitzler y place des personnages de tous milieux en constante interaction : prostituée, soldat, comédienne, auteur de théâtre, femme de chambre, aristocrate.
Ils s’y profilent un peu comme des archétypes sociaux mais tous sont réunis dans « cette ronde interactive » par des points communs : la quête du plaisir, le goût à la fois de la volupté et un penchant naturel à la désillusion, le partage de ce que les poètes aiment appeler « le mensonge de l’amour ». Subtilement, en dix tableaux, la mise en scène cinématographique de Jean-Paul Tribout nous dessine l'empreinte profondément vaudevillesque de cette œuvre théâtrale, qui peut être vue aussi sous un angle social, freudien ou même médical - Schnitzler d'ailleurs était médecin. Tous les signes symboliques d’un marivaudage bourgeois s'y profilent : vêtement noirs élégants (hommes), tenues affriolantes (femmes), décor raffiné et lascif, gestuelle un peu snob et élégante (plus saccadée lors de l'amusante fin qui ponctue chaque tableau (!).
Instinctifs et alertes, les comédiens glissent malicieusement dans ces personnages furtifs regardant, entre deux étreintes, le monde à travers le prisme de leur nombril. (Judicieusement placés sur le plateau des miroirs nous montrent les personnages déformés.) On l’aura compris : le climat général de ce speed-dating viennois se profile beaucoup plus proche de (Sacha) Guitry et de Labiche que d'un Ibsen ou d'un (Hjalmar) Söderberg. S'écartant des contours naturalistes La Ronde joue régulièrement sur le dit et le non-dit, le montré et le caché, le public et l’intime. Constamment, un certain érotisme perce derrière l'apparente futilité des propos des personnages. Proche de l'esprit du boulevard, la pièce nous avertit de la dimension à la fois révolutionnaire et infinitésimale qui réunit ces couples : celle, simple et radicale, de la recherche de l'assouvissement des désirs.
durée : 1 h 40
La Ronde d'Arthur Schnitzler
Mise en scène : Jean-Paul Tribout.
Avec Léa Dauvergne, Caroline Maillard, Marie-Christine Letort, Claire Mirande, Xavier Simonin, Laurent Richard, Jean-Paul Tribout, Alexandre Zekri, Florent Favier.
Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier
Paris 14e
horaires : lundi (19 h), mardi, mercredi, jeudi et vendredi (21 h), matinée samedi (16 h)
jusqu'au 31 décembre 2018
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