Sous une forme théâtrale à la fois méditative et très vivante Laetitia Gonzalbes met en scène Anna
Karénine de Tolstoï au Théâtre de la Contrescarpe.
Ecrit en 1877, ce roman, l’un des plus connus de Tostoï, concentre sans doute bon nombre d’interrogations cruciales chez les auteurs dramatiques dès la fin du XIXe siècle. Dans Anna Karénine, on évoque ouvertement le poids des conventions sociales, celui du rôle restrictif dévolu aux femmes (même issues de la haute société), la place de l’argent dans le couple ou encore la culpabilisation féminine dans ses dimensions amoureuses et éducatives. En cela Anna Karénine a beaucoup de points communs avec d'autres œuvres phares du théâtre européen comme Une Maison de poupée (1879) du Norvégien Ibsen, Gertrud (1906) du Suédois Söderberg ou La Peur (1913) de l'Autrichien Zweig.
Sans cesse réinventée, selon
le style, le talent et la nationalité de chaque auteur, c’est toujours la même histoire : celle d’une
femme de bon milieu, écartelée entre un confort bourgeois illusoire et une
passion fugitive et dévorante, situation d’autant plus éprouvante pour les
personnages féminins qu’ils sont la plupart du temps confrontés au rejet
de la société et victime doublement (du mari et de l'amant). Tragique par son
dénouement Anna Karénine est l’histoire d’une femme (Anna Karénine) mariée à un haut
fonctionnaire de la haute société pétersbourgeoise découvrant l’amour auprès
d’un brillant officier (Vronsky). Par le menu le roman de Tolstoï nous conte le long pourrissement de ce couple - à la suite de la révélation de l’adultère - et ses continuels atermoiements ainsi que la fuite des amants jusqu’au suicide de son héroïne.
A la fois romantique et sombre, la symbolique d'Anna Karénine nous parle de passion amoureuse et d’individus rejetés par la bonne société sous couvert de bonne conscience. Sans en esquiver la dimension étouffante, la libre adaptation et mise en scène de Laetitia Gonzalbes se caractérise par une grande fluidité et une liberté au ton original autour de scènes rythmées et courtes. Les comédiens n’en font jamais ni trop ni pas assez. Ils sont pleinement présents à la scène, par l’élocution, par la manière de se déplacer, par l’émotion juste, par l’expressivité affichée de vêtements changeants. Le plateau scénique donne d’ailleurs le ton : une méridienne baroque, quelques cubes en plexiglas, une table et des chaises ; au plafond, des tubes de diodes électroluminescentes.
Tout cela oriente le spectateur vers une impression de volupté scandaleuse, de
rudesse des temps, de labyrinthique dilemme amoureux... Dans cette adaptation Vronsky (l’amant)
devient Varinka (l'amante), ce qui - au-delà de l'évidente connotation homosexuelle - contribue peut être à rendre plus compréhensible le décalage d'origine entre Anna Karénine et son mari. Quant à l’Homme sans nom, c'est un personnage masqué devisant avec les autres personnages et ne dédaignant pas de se promener dans la salle. Sorte de chef d’orchestre
mortuaire, il
participe pleinement au climat allégorique de cet excellent spectacle, qui dégage, entre autres, un fort parfum de mystère.
Ecrit en 1877, ce roman, l’un des plus connus de Tostoï, concentre sans doute bon nombre d’interrogations cruciales chez les auteurs dramatiques dès la fin du XIXe siècle. Dans Anna Karénine, on évoque ouvertement le poids des conventions sociales, celui du rôle restrictif dévolu aux femmes (même issues de la haute société), la place de l’argent dans le couple ou encore la culpabilisation féminine dans ses dimensions amoureuses et éducatives. En cela Anna Karénine a beaucoup de points communs avec d'autres œuvres phares du théâtre européen comme Une Maison de poupée (1879) du Norvégien Ibsen, Gertrud (1906) du Suédois Söderberg ou La Peur (1913) de l'Autrichien Zweig.
© Fabienne Rappeneau
Anna Karénine - Théâtre de la Contrescarpe
© Fabienne Rappeneau
Anna Karénine - Théâtre de la Contrescarpe
A la fois romantique et sombre, la symbolique d'Anna Karénine nous parle de passion amoureuse et d’individus rejetés par la bonne société sous couvert de bonne conscience. Sans en esquiver la dimension étouffante, la libre adaptation et mise en scène de Laetitia Gonzalbes se caractérise par une grande fluidité et une liberté au ton original autour de scènes rythmées et courtes. Les comédiens n’en font jamais ni trop ni pas assez. Ils sont pleinement présents à la scène, par l’élocution, par la manière de se déplacer, par l’émotion juste, par l’expressivité affichée de vêtements changeants. Le plateau scénique donne d’ailleurs le ton : une méridienne baroque, quelques cubes en plexiglas, une table et des chaises ; au plafond, des tubes de diodes électroluminescentes.
© Fabienne Rappeneau
Anna Karénine - Théâtre de la Contrescarpe
durée : 1 h 30
Mise en scène : Laetitia Gonzalbes
Avec Lise Laffont, Marussia Henrich, David Olivier Fisher, Samuel Debure
Théâtre de la Contrescarpe
5, rue Bainville
Paris 5e
horaires : dimanche (20 h 30), lundi, mardi (19 h 30)
relâches : 25 décembre et 2018 et 1er janvier 2019
jusqu'au 6 janvier 2019
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